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Cinéma en juillet

4 films à ne surtout pas rater au cinéma en juillet

« Mon abonnement ciné, je le rentabilise surtout en hiver ». Mais saviez-vous que pendant l’été, le cinéma reste ouvert ?  Peu importe qu’une séance se poursuive pour vous d’une nuitée de bastringue, finis les atermoiements, voyez une histoire sur grand écran, de temps en temps. 
 
Vous allez dire : alors que les activités en plein air foisonnent, les festivals s’enchainent et le web suffit à émerveiller (ce qui est une bonne chose aussi) pourquoi se fendre d’une séance de cinéma – où l’on risque bien d’être dérangé par des borborygmes ? Je vous réponds : pour ce truc un peu spécial, bizarre mais fantastique, cette énigme éternellement non-résolue : l’émotion, celle soulevée par le cinéma.
Quand vous marchez dans la ville après un film, vous êtes bien dans un état second ? Non ? Vous n’êtes pas un peu perdu dans un méandre de confusions et d’idées claires ? Et si c’est le cas, vous ne vous demandez jamais pourquoi ça vous fait cet effet là ?  Serge Daney pose la question mieux que moi : «  Et quand la vague s’est retirée, qu’est ce qu’on trouve sur la plage ? Qu’est ce qu’il fabrique avec nos têtes, le cinéma ? » Le cinéma, disait André Bazin, substitue à nos regards un monde qui s’accorde à nos désirs. Le cinéma, disait Astrid Jansen, dessille notre vue pour d’autres horizons. Une fois le générique en branle, la notion de temps est chambardée et il s’agit de ne plus s’en soucier pour investir un autre univers. Et il faut aimer sentir les minutes passer, ne pas voir un film pour se « vider » la tête  – comme on l’entend souvent – mais bien pour l’engraisser, la cultiver de sentiments, d’idées et d’envies.  
L’émotion dont je vous parle, elle existe sous d’infinies formes, vous la rencontrerez sans doute dans ces films égrenés dans les salles belges au cours de la belle saison :
(*la sélection n’est pas exhaustive, je suis loin d’avoir tout vu 
J )
Plaire, Aimer et Courir Vite de Christophe Honoré (27 juin en salle) *****

Début des années 90, les hommes se baladent la nuit, se rencontrent puis s’embrassent dans les rues sombres, s’enlacent sous les ponts à l’ombre « des années sida ». L’histoire qui nous concerne est une histoire d’amour, moderne et romantique, entre un écrivain quadragénaire et un étudiant d’une douceur et d’une vivacité formidables (les deux incroyablement-magnifiquement-superbement interprétés par Pierre Deladonchamps et Vincent Lacoste). L’émotion tient ici à la force des personnages que Christophe Honoré soigne tout particulièrement, jusqu’aux plus secondaires. Sans jamais bousculer, le film bouleverse.
 
plaire, aimer et courir vite
 
Les Confins du Monde de Guillaume Nicloux (le 08 juillet à la Cinematek) *****
Indochine, 1945. Robert Tassen, soldat de l’armée française, est envahi d’un sentiment de vengeance après que son frère ait été décapité. L’histoire de cet homme impavide et languissant n’a pas tellement d’importance ici car l’émotion tient surtout dans la bande sonore ainsi que l’esthétique des images qui représentent la violence de cette guerre. Des carcasses, des corps mutilés, déchiquetés,… le réalisateur fixe les effets de la barbarie plus qu’il ne la met en scène. Un film d’une beauté glaçante dont l’âpreté est adoucie par les rares apparitions de Gérard Depardieu, philosophe au milieu d’une boucherie innommable.
 
 
Mirai, ma petite sœur de Mamoru Hosoda (08 juillet, 15h30, à la Cinematek) *****
Entre réalisme et travail d’ampleur sur l’imaginaire, ce film d’animation japonais est un touchant récit émotionnel qui montre comment un petit garçon accepte sa petite sœur dans le cocon familial, sous les yeux de ses parents, souvent débordés.
 
mirai
 
Au Poste de Quentin Dupieux (sortie : 11 juillet) *****
Il s’agit ici d’une version revisité de la « Garde à vue » de Claude Miller dans laquelle Benoît Poelvoorde (qui pète la forme !) interprète un commissaire hurluberlu. Le pitch : un homme ordinaire passe une nuit au poste pour avoir découvert un cadavre en bas de chez lui. Nous l’écoutons- en même temps que ce flic bizarre – dévider un témoignage fort circonstancié mais sautillant. Si Quentin Dupieux, avec ses 5 précédents films, nous a habitué à des focus sur images, on se délecte ici surtout des dialogues ! C’est drôle. Très drôle. Parce que le convenu ne lui convient pas, Quentin Dupieux ravigote le paysage cinématographique. Et ça fait un bien fou car les bonnes comédies françaises se font rares. Avec ce film aux gags irréalistes, Dupieux évoque sans équivoque l’absurdité du monde et jette une douche froide à la face d’un cinéma frileux. Pour autant, ce sixième long métrage du réalisateur n’est pas révolutionnaire. Comme un funambule en équilibre, le film ne fulmine jamais mais brille d’un tout juste éclat.  
 
au poste
 
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Et dans un prochain texte je vous parlerai aussi de…
Sweet Country (sortie : 18 juillet) *****
Trois Visages (sortie : 8 août 2018) *****
Under the Silver Lake (sortie : 08 aout) *****

Burning (sortie : 29 aout) *****