5 raisons de foncer découvrir « ORDURES ! l’expo qui fait le tri » au Musée de la Vie wallonne • Boulettes Magazine

5 raisons de foncer découvrir « ORDURES ! l’expo qui fait le tri » au Musée de la Vie wallonne

février 23, 2023

Avec une scénographie efficace et superbement pensée, « Ordures, l’expo qui fait le tri ! » du Musée de la Vie wallonne vous invite à faire connaissance avec tous les témoins de vos histoires du quotidien qui finissent à la poubelle. Elle décode pour vous la notion de « déchet » et aborde les grands enjeux écologiques, sociaux et économiques générés par nos détritus.

Après « La Terre en Héritage » au Préhistomuseum, l’environnement est décidément très à la mode en ce moment dans le milieu culturel et on a envie de dire : il était temps ! Ces deux expositions complémentaires sont d’ailleurs l’objet d’un futur partenariat entre les deux institutions. Inspirée de l’exposition « Vies d’ordures, de l’économie des déchets » du Mucem en 2017, l’équipe du Musée de la Vie wallonne a repris le concept du point de vue de la Belgique. À quoi ça sert de mettre la tête dans votre poubelle si ce n’est pas pour découvrir la porte d’entrée vers Narnia ? Dans cet article, on vous donne 5 raisons de visiter l’expo incontournable de l’année 2023.

1. Parce que le Musée de la Vie wallonne joue vraiment le jeu

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Dans une démarche de durabilité et de cohérence vis-à-vis du sujet, l’exposition a été conçue pour avoir le moins d’impact possible sur l’environnement. Les briques et parois sont en plastique et textile recyclés et les décors sont réalisés avec des canettes, sacs plastiques, papiers provenant du tri ménager des collaborateurs du musée.

Dans cette scénographie qui n’a rien à envier aux papiers peints tendance du Brico, on se sent prêt à plonger dans tout ce qu’on laisse derrière soi, ce qu’on jette, ce qu’on met dans une boite pour ne plus jamais le revoir. En bref, c’est parti pour décortiquer l’univers de la gestion des déchets (et pas votre histoire avec votre ex toxique comme on aurait pu le croire en début de phrase).

Chaque espace de l’exposition est désigné par un mot-clé qui retrace le parcours de vie du déchet de sa création (nommer, jeter, ramasser) aux solutions de traitement (trier, réparer, réemployer, recycler, enfouir, réduire) en s’axant sur ce qui se fait en Wallonie, mais aussi en parlant de ce qui se passe dans le monde.

2. Parce que vous ne regarderez plus jamais vos déchets de la même manière

ORDURES ! l’expo qui fait le tri

Le monde est une poubelle. Ça ressemble aux paroles d’une chanson de Saez, mais c’est une réalité : 2 milliards de tonnes de déchets dans le monde par an, ça donne une réponse à la question What else ? dans la pub Nespresso : quoi d’autre à part du café ? Plein de capsules vides, Georges.

En lien avec les thématiques de chaque espace, les concepteurs de l’exposition ont choisi plusieurs œuvres d’art qui interpellent. Nos coups de cœur ? Le sac poubelle en marbre noir de Sprimont, trônant sur un large socle dans l’espace « Nommer ». L’imitation du plastique est parfaitement rendue grâce à un polissage de 4 mois et de fines attaches de cuivre. De quoi nous faire réfléchir sur la durée de vie et le temps de décomposition des déchets autour de nous, peut-être aussi long que le marbre ou les travaux du tram.

Dans l’espace « Ramasser », vous observez un grand volatile aux allures de phénix calciné, qui prend forme grâce au travail de Lionel Sabatté. Pour cette œuvre, l’artiste a ramassé du charbon, de la poussière, des peaux mortes et des cendres dans le métro parisien et les a assemblés pour créer une œuvre à la fois délicate et inquiétante. C’est peut-être aussi une piste artistique intéressante à exploiter si vous ne savez que faire de vos poils de cul retrouvés dans la toilette et dans la douche. Mais c’est aussi l’occasion de découvrir où vont vos sacs poubelle une fois repris par les éboueurs, ces héros du quotidien, et de comprendre tout le travail de tri et de revalorisation qui suit.

3. Parce que nous sommes les champions du monde

ORDURES ! l’expo qui fait le tri

Pas besoin de remuer le couteau dans la plaie, on ne parle pas de foot. La Belgique est championne d’Europe et dans le top mondial de tri et de recyclage des déchets ménagers. De quoi être fier de notre collection de poubelles de toutes les couleurs. Et de quoi aussi se dire que ça vaut la peine de réfléchir 5 minutes pour savoir où jeter le ravier de pasticcio en alu (surprise : pas dans le compost).

Dans cette optique, l’espace « Trier » vous permet de mettre à jour vos connaissances en matière de sigles de recyclage et de contenu de poubelles. Pensé kids friendly avec ses dispositifs interactifs, vous vous sentirez vous-même un jeune novice du recyclage en observant toute la subtilité des significations des différents logos.

Et si vous vivez encore dans un monde où vous pensez que jeter vos chewing-gums dans la nature fera pousser des arbres à Freedent, un espace qui fait parler les déchets par détecteurs de mouvements vous expliquera clairement les conséquences et le temps que mettent à disparaitre les canettes, mégots, plastiques et autres objets.

En matière de destin du déchet, l’espace « Enfouir » vous amène aussi à voir où en est la problématique de la gestion des déchets nucléaires en Belgique, dont le temps de décomposition approche du million d’années et pour lesquels on cherche encore une solution de stockage. Comment faire pour indiquer durablement l’emplacement et la dangerosité de ces déchets aux civilisations du futur ? Voilà une question qui vous tiendra éveillé des nuits durant, et qui remplacera celle de savoir si un éléphant sait sauter.

4. Parce qu’une nouvelle carrière professionnelle vous tend les bras

ORDURES ! l’expo qui fait le tri

Si un Repair Café a un jour sauvé votre mixeur-plongeur, l’espace « Réparer » vous fera découvrir les métiers anciens de raccommodeur, rémouleur ou matelassier. En gros, tous les objets pourraient être réemployés si ces savoir-faire revenaient au goût du jour. De quoi vous faire rêver à une nouvelle ère, celle du tout-réparable, qui succèdera au tout-jetable, et vous recycler (haha) en réparateur de nos objets du quotidien. Sinon, pourquoi ne pas inventer vous-même une nouvelle solution de recyclage ?

À titre d’inspiration, vous découvrirez le travail de Dave Hakkens, jeune designer néerlandais qui a conçu les plans d’une machine à construire chez soi, qui permet de transformer les déchets plastiques en une multitude de nouveaux objets.

5. Parce que le plastique, c’est fantastique !

ORDURES ! l’expo qui fait le tri

L’importance de l’anecdote, du souvenir et de l’histoire fait partie intégrante de l’identité du Musée de la Vie wallonne. C’est déjà le cas dans la muséologie de ses riches collections permanentes, ça l’est tout autant dans le choix des objets des vitrines consacrées à l’utilisation du plastique dans les ménages. Difficile à croire, mais c’est possible de s’émouvoir devant le sac jaune et bleu Free Record Shop, qui vous rappelle l’adolescence et les CDs de Linkin Park achetés avec votre dringuelle. Et ces petits Tupperware jaunes au couvercle cannelé que mamy utilisait pour mettre ses biscuits ? Ils méritent en effet une place au musée.

6. Bonus : parce que nous faisons partie de la solution

La fin de la visite sonne comme la plus logique des conclusions. Avec le mot-clé « réduire » vous savez que le meilleur déchet est celui qui n’existe pas. Les solutions pour créer le moins de déchets possible sont actuellement de plus en plus nombreuses et vous accompagnent toute votre vie, des langes réutilisables aux cercueils biodégradables, histoire de partir de manière digne et non comme un petit pois bien conservé dans sa boite.

En bref, cette exposition joyeuse, claire et colorée ne fait pas de compromis sur le contenu et les chiffres, afin de conscientiser sans culpabiliser, pour aider à prendre sa responsabilité dans le but de s’améliorer (Maurice Carême, c’est toi ? Non, c’est Marie Alice). Avec « Ordures », on établit un vrai constat de la situation actuelle, sans édulcorer, afin de saisir pleinement la réalité des choses, mais plutôt que de s’apitoyer sur notre sort, elle nous invite à nous tourner vers les perspectives d’amélioration de gestion et de consommation durable. Le mieux est de la visiter pour s’en rendre compte ! Elle est accessible jusqu’au 31 décembre 2023.