Boulettes Magazine

Entre blagues, coups de gueule et drague par messages interposés, le groupe Facebook ULg Confessions est un véritable exutoire pour les étudiant(e)s de l’Université de Liège qui peuvent s’y exprimer en toute anonymat. Et aussi y dénoncer certains débordements inacceptables de la guindaille. 

C’est au Chapi Seraing de ce lundi 17 février, S’raing’s Lagueule, que les faits dénoncés par une étudiants anonyme se seraient produits. Des comportements tout sauf festifs, qu’elle dénonce, certains s’étant visiblement aussi rendu au chapi pour S’raingcer l’oeil, et plus si affinités.

« Deux fossiles ont rigolé du fait de m’avoir mis une fessée pendant que j’attendais mes bières aux triangles, mais en soi ce genre de comportements je l’ai déjà subi par des baptisés aussi »

Et d’interpeller les plus de 68.000 membres du groupe: « sinon les attouchements/agressions sexuelles en chapi/guindailles on en parle ? »

#MeToo et la guindaille

« La plupart d’entre nous prête serment au moment du baptême de ne pas se battre en guindaille, on ajouterait pas le respect du corps des autres dans les conditions pour être un bon baptisé ? Ou un bon guindailleur (ou citoyen) tout court ? » interroge encore l’étudiante, qui pousse un ras-le-bol salutaire contre certains comportements qui gâchent la fête.

« Tout le monde est déglingué en chapi, et certaines petites bites croient s’en sortir tout permis ; et quand on bade parce qu’il vient de nous arriver un truc du genre, on est la rabat-joie de la soirée et c’est co nous qui nous sentons mal d’avoir subi une agression »

« Sans parler des agressions plus sévères qui sont discréditées parce que « vous étiez tous les deux trop bourrés, tu peux pas parler de consentement » … BEN SI EN FAIT ». Et elle n’est clairement pas la seule à en avoir marre, puisqu’en moins de 24 heures, son post a été liké plus de 1.200 fois et a rassemblé 175 commentaires, dont la plupart pour la soutenir ou relater des faits similaires.

Problème: parmi les témoignages et les marques de soutien et les témoignages dénonçant des faits similaires se sont aussi glissés des commentaires déplacés. Ainsi, alors qu’un commentateur croit bon de signaler, avec moult fautes d’orthographes, « qu’une petite fessée ce n’est pas si grave », d’autres, sur le ton de l’humour, ont proposé d’apprendre l’auto-défense aux fêtardes. Sauf qu’il ne s’agit évidemment pas d’apprendre aux filles à se défendre mais bien d’apprendre aux hommes à ne pas les mettre dans cette position, une évidence qui n’est malheureusement toujours pas acquise en 2020.

Avec ou sans alcool, en sécurité au Chapitaule

Et d’autres de rappeller « le gars sorti de nulle part qui m’a mis une fessée à la guindaille HEC » ou de regretter qu’il « faudra bientôt être judoka pour sortir ». À moins qu’enfin, les mentalités changent et qu’avec ou sans alcool, la guindaille ne soit pas un terrain de chasse au Chapitaule. Dénonçant encore le fait qu’en guindaille, une meuf seule soit souvent vue comme une proie, l’auteure du post appelle au changement: « éduquez-vous svp, j’en ai marre je veux pouvoir me mettre la pire sans regretter d’avoir un peu trop bougé mon boule sur les barrières nadar ». Et du côté du CB Seraing alors, qu’en pense-t’on? Son président, Sébastien Close, souligne qu’il est « évident que nous condamnons fermement ces faits et l’histoire est déjà connue des autorités compétentes, à savoir l’AGEL et la MEL. En attendant, des agents de sécurité sont présents lors de ces événements. Je dirais juste qu’il ne faut pas hésiter à aller les trouver suite à des comportements inadaptés ». L’AGEL, quant à elle, affirme « condamner fermement ce genre de pratiques ».

« Il n’est pas question pour nous de les minimiser et de les négliger. Les baptisés sont déjà sensibilisés à ces problématiques, mais l’idée d’adapter le serment avec quelque chose de très précis sur le respect de l’intégrité physique de l’autre – au-delà du simple « je ne me battrai pas en guindaille » est par exemple une excellente idée. Des réflexions plus larges sont déjà entreprises avec l’Université et dans le cadre de la charte »

Et d’ajouter que « ici, les Saints sont des manifestations qui accueillent un public très large, pas forcément aussi attentif et sensibilisé que les baptisés à ces thématiques, et c’est hélas plus propice à ce genre de débordements. Nous y serons particulièrement attentifs afin de tout mettre en œuvre pour que la guindaille reste un plaisir pour tous en affirmant haut et fort que cela n’a pas sa place au Chapi ! ». Pas sa place? En marge des attouchements reportés au S’raing’s Lagueule, l’affiche de la Saint Drums fait également débat.

Légendée « Kif les femmes », cette Saint organisée par le CB droit promet également en description de l’événement « la saint la plus chaude et sexy du quadrimestre », avec « les juristes les plus sexy de la ville ». Et si l’intolérance envers les comportements déplacés commençait par éviter d’over sexualiser les guindailles?

Photo de couverture: Unsplash / Anshu A

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