On a fêté la Coupe avec le Standard
Si le foot se montrait possessif et voulait officialiser notre relation sur Facebook, il se prendrait d’office un « c’est compliqué ». Parce que la vérité, c’est que autant je ne suis pas fan de football, autant comme tous les Liégeois (si), je supporte le Standard. Alors forcément, quand ils ont gagné la Coupe et qu’on nous a invités à fêter leur victoire, il n’était pas question de se faire prier.
Et tant pis si depuis la dernière victoire du Standard en Coupe de Belgique il y a 11 ans, j’ai un peu lâché l’affaire. J’ai beau me désintéresser du foot, il y a des noms (et des visages) qu’on n’oublie pas, du regard de husky d’Axel Witsel à la coiffure audacieuse de Marouane Fellaini.
Dont j’apprends, à quelques jours de la cérémonie, que tout comme Sergio Conceição, ça fait longtemps qu’ils sont partis. Je m’abstiens prudemment de demander si les frères Mpenza sont toujours là, ayant comme l’impression que ça ferait mauvais genre.
D’autant que je ne me suis pas exactement fait que des amis depuis que j’ai annoncé qu’avec Clem, on serait là pour fêter leur victoire. J’ai beau entretenir une relation ambigüe avec le ballon rond, à Liège, le Standard est aimé sans équivoque (si) et une néophyte qui a la chance de rencontrer l’équipe, ça a de quoi pousser certains à voir rouge. Psshit pshit les rageux : pendant que vous bouillez dans votre jalousie, j’ai les noms de toute une équipe à apprendre, merci. Et puis ma tenue à choisir, aussi.
3 avril, 18h00.
Sur le chemin de l’Hôtel de Ville, j’explique à Clem d’un ton faussement pédagogue et carrément suffisant que normalement, les gens importants arrivent un bon quart d’heure au moins après l’heure indiquée sur l’invitation, mais que bon, vu que la ponctualité est importante pour lui, j’ai fait une exception aujourd’hui. Je n’ajoute pas de petite tape condescendante sur le haut de son crâne, parce que je suis trop petite, mais je pense très fort à le faire, et je sens qu’il me capte.
18h01
Je suis tellement occupée à faire ma Marseillaise d’Hollywoude et à expliquer à mon (ange de patience de) mec comment les gens importants de mon acabit se comportent que je ne remarque pas la commotion autour de l’entrée de la Violette. Tout juste si je sens qu’on me tire par l’arrière de ma veste.
18h02
« Non mais Clem, je rêve pas là, tu me gâches mon entrée ?!? Tu es jaloux de mon aura, c’est ça ? « . Ah non, en fait, il voulait juste m’empêcher de couper en plein dans l’équipe qui est en train de faire son entrée triomphale dans l’Hôtel de ville. Oupsi.
18h03
C’est donc officiel, non seulement je colle sur la plupart des noms, mais en plus, je ne reconnais pas leurs têtes non plus. Après, faut dire aussi que niveau coiffures reconnaissables à la Fellaini, ça manque d’application ici. Un peu d’originalité, que Diable !
18h05
Parce que la vie est dure, mais parfois douce aussi, mon cavalier patient et futé me fait remarquer que les joueurs ont tous le même costume, reconnaissable à son liseré rouge. MERCI univers (pour le liseré rouge, et pour le mec vraiment parfait que tu m’as envoyé).
18h06
Au vu de ce rappel subtil des couleurs du club, je me félicite de l’avoir joué discrétos sur le rouge aussi. Et par discrétos, je veux dire que j’ai la bouche peinte en carmin, le genre de couleur qui dit que j’aurais pu être vraiment intéressée par le fait de devenir une WAG dans une autre vie.
18h07
Je plaisante. J’ai fait Science Po tu sais.
18h15
Parce qu’une marée de grands gens me cache la vue sur l’équipe, je me concentre sur la Coupe qui brille à un mètre de moi seulement. Ca me rappelle le Tournoi des Trois Sorciers, et je fais une note mentale de dégager de ma vie tous ceux qui contestent que le 4e livre est le meilleur de la série.
18h16
Cedric Diggory putain. Fauché dans la fleur de l’âge.
18h24
Tout en écoutant les discours officiels, je ne peux pas m’empêcher de remarquer que depuis la dernière fois que je l’ai vu, le Bourgmestre a l’air d’avoir vachement plus bossé sur son bikini body que moi. J’ai un peu envie de lui demander ses astuces, d’un féru de politique à un autre. J’ai dit que j’avais fait Science Po déjà ?
18h38
Le Bourgmestre a fini son discours, tout le monde applaudit, et les joueurs vont se faire féliciter un par un par les autorités rassemblées pour l’occasion. Junior Edmilson par-ci, Mehdi Carcela par-là, je me surprends à reconnaître quatre plein de noms et il n’en faut pas plus pour que je me prenne pour Thierry Roland.
18h40
D’ailleurs, sur ma lancée, j’explique à Clem que vraiment, le public, c’est le 13e homme du Standard. Ce qui me vaut un regard perplexe, parce que clairement, contrairement à moi, il n’est pas la réincarnation de Thierry Roland et il ne sait pas qu’il y a douze joueurs sur le terrain et que donc, le public est le treizième homme.
18h42
Non mais les mecs parfois, je vous jure, qu’est-ce que ça peut être obtus.
18h45
C’est pas tout ça, d’ailleurs, mais toutes ces explications, ça m’a donné soif, et justement, j’entends le doux bruit du vin qui vient heurter le verre.
18h50
Partout autour, il y a des gens en écharpes rouges et blanches, quand ils ne portent pas carrément le maillot de leur joueur préféré. Je les trouve touchants et je suis presque décidée à tenter de faire comprendre à Clem ce qu’est le 13e homme quand tout à coup, l’équipe se mêle à la foule.
18h51
Parmi les civils rassemblés pour l’occasion, une fille blonde au rouge à lèvres carmin hyperventile tout à coup un peu, rapport au fait que oui je sais j’ai dit que je n’aimais pas le foot mais bon c’est le Standaaaard quand même tu te rends coooompte en plus ils ont été fondés à St-Servaiiiiiiiiis et ils sont champiooooooooons.
(NB : par bienveillance envers sa dignité, l’anonymat de la fille en question sera préservé. Appelons-la K.W.)
18h55
« Il fait chaud non? Tu trouves pas qu’il fait chaud? Moi j’ai super chaud. Ca va ma frange là? Et mon lipstick? Ouhlala qu’il fait chaud. Je vais me reprendre un verre, ça va m’apaiser ».
19h05
Est-ce parce qu’il sent que je suis proche de demander au premier joueur qui me passe sous la main de m’autographier à même la peau ? Perspicace, Clem m’escorte d’une main dextre vers la sortie. En chemin, je vois une dame qui pour le coup n’est pas moi demander à Medhi Carcela s’il est un des joueurs du Standard. A Thierry Roland de pacotille, Thierry Roland et demi.
// la photo de couverture de ce post vient de la page Facebook du Standard et a été prise par Fred Moisse //