Boulettes Magazine

Le magazine gourmand de découvertes
TOP
Bruxelles

Bruxelles, je t’aime, mais je préfère Liège

« Je suis venu, j’ai vu… et je suis revenu. » Que ce soit pour raisons professionnelles ou par amour, de nombreux Liégeois quittent la Cité ardente pour s’installer à Bruxelles. Avant, pour pas mal d’entre eux, de revenir à leurs premières amours quelques années plus tard. Pur hasard ou choix rationnel ? Le Liégeois ne se sentirait-il donc vraiment chez lui qu’à Liège ? On a voulu en savoir plus en tapant la discute avec des Liégeois qui ont vécu à Bruxelles et avec d’autres qui vivent toujours dans la capitale.

À Liège comme ailleurs, certains sujets divisent. Bruxelles et, plus précisément, le fait de quitter la Cité ardente pour s’y installer en font partie. Le trafic, les embouteillages, le côté « dikkenek » supposé des Brusseleirs, le foot et la rivalité entre le Standard et Anderlecht… Les idées préconçues – justifiées ou non – incitent bon nombre de fiers principautaires à ne pas aimer Bruxelles. Ou, du moins, à ne pas pouvoir imaginer une vie, même temporaire, dans la capitale. Sans même connaître tous ses charmes.

« Liège, une ville déguisée en village, à taille plus humaine »

Bruxelles

On ne compte évidemment plus les navetteurs qui préfèrent se lever aux aurores pour aller bosser à Bruxelles et revenir en soirée dans leur cocon liégeois plutôt que de s’installer sur place. D’autres, lassés par ces allers-retours, y posent malgré tout leurs bagages. Pour une tranche de vie seulement, ou plus si affinités. Car, au final, l’appel de Liège est souvent trop fort. Un phénomène propre à la Cité ardente ? Ou juste une question de « racines » ? Mais qu’a donc Liège qu’une ville comme Bruxelles n’a pas ?

« Les Liégeois bien sûr ! Ce sens de la fête, cet accueil, cette facilité de contact que beaucoup nous envient », sourit Frédérique Lemoine, partie à Bruxelles fin juin 2015 pour y travailler et retrouver celui qui sera bientôt son mari. « Plus sérieusement, je dirais que c’est un ensemble de petites choses qui forment une ambiance, un état d’esprit propre à la Cité ardente. Liège est un village déguisé en ville ! Quand tu vas à un évènement, tu sais d’office que tu vas y retrouver des têtes connues. C’est une ville à taille plus humaine que Bruxelles selon moi. »

Lire aussi : Les 10 supplices des navetteurs du train Liège-Bruxelles

La région liégeoise, et « ses 1000 pépites à découvrir pour celui qui veut bien les voir », Fred l’a retrouvée il y a près d’un an, sans regret. « Même si, je l’avoue, Bruxelles me manque parfois. » Car elle a aimé cette « tranche de vie », comme elle dit. Et tant pis si, au départ, elle se sentait un peu perdue, dans une ville qui lui semblait trop grande, qui l’effrayait autant qu’elle la séduisait par sa vie culturelle foisonnante et son offre infinie de restos, de sorties et d’évènements.  L’envie de retrouver ses repères, l’ambiance typiquement liégeoise, de se rapprocher de la famille et des amis, de trouver un coin de paradis plus verdoyant… sans oublier le prix de l’immobilier plus attractif ; autant d’éléments déclencheurs pour Fred et son futur mari Benoit.

« Après 2 ans à Liège, on connaît tous les habitants de notre rue »

Bruxelles

Constat immobilier identique pour Yannick Letawe et Amélie Mernier, revenus vivre à Liège il y a deux ans, avec leurs enfants, après sept ans passés dans la capitale. « Au moment d’acheter une maison, on s’est vite rendu compte que Bruxelles n’était pas une option raisonnable pour nous. Bruxelles, ça reste pour moi des possibilités d’activités artistiques illimitées, un brassage de nationalités unique, des bars sympas et une offre de transports en commun très pratique. Mais aussi de grosses inégalités entre les quartiers, la présence de cette bulle de richesse qu’est la Commission européenne dans laquelle on ne se retrouvait pas vraiment et qui, finalement, rend certains quartiers inaccessibles à la classe moyenne. »

Lire aussi : 15 personnalités belges disent ce qu’elles pensent de Liège

La périphérie bruxelloise ? Yannick et Amélie l’ont scrutée. Sans parvenir à s’y projeter. Au contraire de la région liégeoise où ils ont tous deux déjà étudié et évolué. Une région qu’ils adorent, notamment pour sa mixité sociale – « plus présente qu’à Bruxelles qui souffre d’une ghettoïsation très marquée » –, ses initiatives citoyennes, ses possibilités de jolies balades dans les bois et son atmosphère si caractéristique.

« On a tout de suite ressenti une différence de mentalité en y revenant », poursuit Yannick. « La chaleur humaine et la spontanéité liégeoises ne sont vraiment pas une légende. On les ressent partout. Je m’étonne toujours qu’en à peine deux ans à Liège, on connaisse tous les habitants de notre rue alors qu’en sept ans de vie à Bruxelles, on n’avait jamais vraiment parlé avec nos voisins au-delà de notre immeuble. »

« Pour un Liégeois, rien n’est mieux qu’un Liégeois »

Balade Liège

Bruxelles ferait-elle donc fuir tous les Liégeois qui « osent » s’y aventurer pour une période, au départ, indéterminée ? Non, bien sûr. On peut être Liégeois(e), fier(e) de l’être, être viscéralement attaché(e) à sa ville et tout de même s’épanouir ailleurs et apprécier la vie trépidante de notre capitale.

« Le Liégeois est fier de sa ville et pour lui, rien n’est mieux qu’un Liégeois », ose Cédric Ralet, également parti à Bruxelles pour raisons professionnelles en août 2016. « Bruxelles est souvent assimilée au travail et aux embouteillages quand, comme je l’ai fait à un moment donné, on fait tous les jours les trajets entre Liège et Bruxelles. C’est pourtant une ville très agréable. Elle accueillerait sans doute davantage de Liégeois si le prix de l’immobilier n’y était pas aussi déraisonnable. »

Lire aussi : 10 insultes qu’on n’entend jamais qu’à Liège

À tel point déraisonnable que Cédric a acheté une maison… dans le Laveu à Liège, tout en continuant à travailler et à vivre à Bruxelles, où il a trouvé l’amour. Un équilibre qu’il entend bien conserver, sans retour en bords de Meuse planifié pour l’instant.

« Le Liégeois est par définition chaleureux, mais les Bruxellois ne sont pas en reste non plus. Bon, le problème, c’est que Bruxelles est tellement envahie d’expatriés qu’on n’y rencontre plus beaucoup de vrais Bruxellois. Ce que Bruxelles a et que Liège n’a pas ? Ce côté très international, tous ces petits quartiers très différents les uns des autres avec beaucoup de chouettes bars et restos et cet aspect pratique quand sort au niveau de la mobilité : tram, métro, bus, trottinette électrique, Uber… »

« Bruxelles a l’ouverture sur le monde et l’offre culturelle »

« Bruxelles est effectivement une ville dynamique et multifacettes, c’est impossible de t’y ennuyer tant tu peux faire quelque chose de différent chaque jour », enchaîne Caroline Delfosse. « C’est aussi une ville de traditions avec l’Ommegang, la Zinneke Parade ou encore la plantation du Meyboom. Elle a l’ouverture sur le monde, les possibilités différentes de faire la fête et l’offre culturelle que Liège a moins. »

Voilà près de 14 ans que Caroline a quitté la Cité ardente pour humer indéfiniment l’air de la capitale. Un choix motivé par une envie de changer d’air, des aspirations de carrière internationale et un ras-le-bol des navettes en train. Alors, forcément, après tout ce temps, elle connait Bruxelles (presque) comme sa poche et peut la comparer à Liège avec recul.

Lire aussi : 5 surprises quand on quitte Bruxelles pour Liège

« Liège a l’humilité, la simplicité, la bonhommie, la sympathie et l’accueil que je retrouve moins dans la capitale. Le Liégeois est plus simple que le Bruxellois. Pas au sens péjoratif du terme ! Il est plus accueillant, il fait moins de chichis. J’aime Bruxelles, mais en ce qui concerne les relations interpersonnelles, c’est différent. Je m’y suis fait des amis, mais les amitiés ne sont pas totalement identiques ici. »

Standard et boulets sauce lapin

De quoi pousser « Caro » à finalement rentrer au bercail ? « Bruxelles est devenue ma ville sans l’être à 100%. Liégeoise je suis et Liégeoise je resterai. Je ne renierai jamais mes origines. D’ailleurs, je reviens encore souvent à Liège, où j’ai ma famille et de nombreux amis. Pendant de nombreuses années, je me suis dit que je ne reviendrais jamais vivre à Liège. Mais depuis peu, mes perspectives d’avenir changent et je ne l’exclus plus. J’ai besoin d’un retour à une certaine authenticité et simplicité que je ne retrouve plus à Bruxelles. »

Oui, vivre à Liège ou à Bruxelles quand on est Liégeois et amoureux de sa ville peut s’apparenter à un vaste débat, un sacré dilemme, une opportunité de voir autre chose, ou encore à une question qui ne se pose même pas. À vous de trancher.

Lire aussi : 48 Hours in Liège: Where to Eat/Drink/Shop and So Much More

« Finalement, deux seules vraies et uniques raisons justifient à elles seules de venir vivre et mourir à Liège : le Standard de Liège et les boulets sauce lapin », conclut avec humour Yannick. Sur ce, nous, on n’a plus rien à ajouter !

Bruxelles

Quand il vivait à Bruxelles, on l'appelait le "Liégeois" et personne ne comprenait son chauvinisme pour cette ville de Liège qu'il défendait avec un brin de mauvaise foi. Désormais, il est revenu chez lui, en Cité ardente. Ancien journaliste au quotidien L'Avenir, il a rejoint l'équipe de Boulettes pour combiner deux éléments qui lui tiennent à cœur : l'écriture et la valorisation de sa ville sous toutes ses facettes dans un webzine 100% liégeois.