Crise des sans-papiers et inondations: 2 problèmes, 1 solution
À Bruxelles, plus de 400 sans-papiers ont entamé une grève de la faim le 23 mai dernier. À Liège, ils sont des milliers à avoir vu leur vie ravagée par les flots la semaine dernière. 100 kilomètres de distance, un monde de différence? Au contraire.
À l’image d’un cours d’eau, l’actualité suit aussi les flots, balayant parfois d’une déferlante une problématique au profit d’une autre, jugée plus urgente. Alors que la santé de certains sans-papiers se détériore à toute vitesse ces derniers jours et que plusieurs tentatives de suicide sont déjà à déplorer, leur grève de la faim, entamée pour obtenir une régularisation collective, a ainsi été noyée sous la vague de nouvelles catastrophiques venues de Liège. Inondations, sinistres, vies perdues, souvenirs engloutis, habitations détruites. Les images incroyables de la dévastation circulent en boucle dans les médias, à commencer par celui-ci: l’urgence de l’actualité.
Et puis bon, il n’y a de toutes façons aucun lien entre les deux situations, si?
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Régulariser les sans-papiers pour renforcer le pays tout entier
Croire qu’il s’agit-là de deux problématiques hermétiques est bien une erreur, ainsi que l’a rappelé la ministre wallon de l’Emploi Christie Morreale dans un entretien accordé à nos confrères de L’Echo. C’est que qui dit habitations et autres bâtiments ravagés annonce aussi une déferlante de missions à remplir, alors même que le secteur de la construction est déjà surchargé. La solution? Pallier simultanément à la pénurie de main-d’oeuvre annoncée et à la crise actuelle des sans-papiers belges.
« Dans la Construction et l’Horeca, on en revient à la question de la main-d’œuvre qui pourrait être disponible et facilement mobilisable. Je plaide pour une régularisation des sans-papiers face à la pénurie d’emploi dans la construction ou dans d’autres secteurs. Cette régularisation pourrait satisfaire les employeurs et permettra de trouver une solution pour ces personnes qui vivent en Belgique, mais de manière illégale » – Christie Morreale.
Et la Ministre d’annoncer dans la foulée avoir demandé une conférence interministérielle emploi pour ouvrir le dialogue et tenter de trouver une solution. Avant de rappeler que si, de son côté, elle peut octroyer des permis de travail, « c’est le Fédéral qui donne l’accès au territoire ». La situation en région liégeoise étant justement passée en phase de plan catastrophe fédéral, l’opportunité de trouver une issue commune à deux drames humains qui se jouent en Belgique semble presque évidente.
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Pour rappel, d’après une analyse récente du Forem, 126 métiers sont en pénurie en Belgique, parmi lesquels 50 en situation critique, dont 41, soit plus de 90%, appartiennent au secteur du bâtiment, entre monteur d’échafaudages, bétonneur et vitrier, sans oublier les isolateurs de gros oeuvre et de toiture. Des métiers dont le bassin liégeois ainsi que les autres régions belges touchées auront plus que jamais besoin dans les semaines et mois à venir.
La reconstruction s’annonce longue, mais si elle permet de bâtir des ponts vers des personnes en situation de détresse aigüe, c’est tout le pays qui en sortira plus fort.