Dirty Monitor, un rayon de lumière au Pays noir
Quel est le point commun entre la gare du Luxembourg, le Burj Khalifa, le City Hall de Los Angeles, le temple du ciel de Beijing et l’hôtel de ville de Charleroi ? Comme bien d’autres bâtiments emblématiques, tous ont eu l’honneur d’être drapés de lumière par la société carolo Dirty Monitor, spécialisée dans le mapping vidéo 3D et le Vjing (video-jockeying, NDLR). Un parcours éblouissant né d’un collectif d’artistes issus du monde de la nuit, et porté au sommet par Mauro et Orphée, les frères Cataldo.
À l’origine du monde étaient les ténèbres. Il y a une vingtaine d’années, rien ne destinait Orphée et Mauro à se retrouver sous les projecteurs, ou presque. Formés en arts plastiques, les frangins Cataldo sont alors des figures bien connues des soirées au Pays Noir et dans les Flandres. Ce sont les années Boccaccio, Cherry Moon et I Love Techno où tout le monde se fréquente et les deux frères gravitent dans un cercle d’amis et de connaissances parmi lequel se trouvent des DJ qu’ils suivent volontiers et à qui ils proposent d’accompagner leurs sets par des performances visuelles, histoire de joindre l’image au son, et ainsi compléter l’expérience.
We own the night
Un travail encore artisanal au tournant du millénaire. Entre deux soirées, Mauro et Orphée arpentent la Médiathèque, où ils scannent des films à la recherche d’images adaptées à leurs projets. Ensuite, tout est joué live, en rythme. Les visuels sont envoyés et adaptés en fonction du set, de la musique et de l’ambiance dans le public. Des prestations improvisées qui font rapidement sensation et permettent au collectif de se construire une certaine notoriété, tandis qu’il enchaine les collaborations avec de grands noms, ravis de pouvoir bénéficier d’un habillage vidéo sur-mesure. Une manière de faire qui deviendra d’ailleurs la signature des Dirty Monitor. Alors que la bande pousse progressivement le curseur de la créativité, elle est contactée par des entrepreneurs de l’événementiel comme Luc Petit ou Franco Dragone, qui souhaitent faire appel à ses services. « Ils nous ont demandé d’improviser des shows pour de petits events. Avant, c’était encore une performance difficile en raison de la lourdeur de la vidéo », explique Orphée.
« Nous sommes arrivés avec une maîtrise des nouveaux softwares, comme After Effects, que tout le monde utilise aujourd’hui. À l’époque ça nous a permis d’être innovants, réactifs et interactifs et de surfer là-dessus » – Orphée Cataldo, CEO & Directeur créatif et technique.
Tandis que le collectif multiplie les collabs dans l’événementiel, il consolide sa présence dans le monde de la nuit, en particulier à Charleroi, où il invite des artistes pour venir jouer sur des visuels toujours plus léchés. En 2006, il s’essaie à quelque chose de nouveau : le mapping, c’est-à-dire la projection de vidéos sur des volumes, en jouant avec leur relief. « On avait vu ça sur YouTube, ça avait l’air original ; et comme je bossais dans l’architecture, ça m’a tout de suite parlé, confie Orphée. On avait récupéré des mange-debout avec lesquels on a construit une structure sur laquelle on a projeté. Et ça donnait super bien ! On a lancé ça un samedi soir et le lundi matin, nous étions bombardés d’emails car tout le monde en avait parlé autour de lui ». C’est alors que les choses s’accélèrent pour les Dirty Monitor, qui sont contactés dans la foulée pour réitérer l’expérience dans le cadre de projets de plus grande ampleur.
Premier d’une longue série, Mauro et Orphée sont sollicités pour réaliser un mapping vidéo sur l’ancienne gare du Luxembourg, dont subsiste un bâtiment sur la place éponyme, face au Parlement européen. Fort de son expérience, Orphée réalise un relevé complet du bâtiment, avant de se lancer dans le mapping. Une première en Belgique qui positionne les Carolos comme des précurseurs : « le mapping existait déjà, mais c’était sur base de photos, tandis que nous, nous travaillions en 3D, ce qui autorisait beaucoup plus de liberté dans la créa. Et comme c’était encore très rare, on est rapidement devenus une référence internationale ».
Bons baisers de Wallonie
Très vite, le collectif s’exporte en Asie, où il continue ses collaborations avec Franco Dragone et Luc Petit. Spectacle à Shangaï pour Philippe Patek, festival du film de Pékin et habillage du Fullerton Hotel à Singapore… les Wallons s’imposent en Chine et au-delà avant de partir à la conquête du Moyen-Orient, où ils enchainent les contrats au Koweït ou à Oman. Jusqu’à se hisser au sommet : via-via, la société est pressée de remettre une offre pour une installation temporaire sur le Burj Khalifa, la plus haute tour du monde, à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Les Carolos n’y croient pas trop, mais à leur grande surprise, ils sont retenus pour initier sur le toit du monde ce qui deviendra par la suite une institution. Une performance qui marque un nouveau cap et qui inscrit les Dirty Monitor au palmarès des plus grands de l’événementiel. Un précieux sésame aussi, qui ouvre définitivement les portes du Moyen-Orient à l’équipe, qui y multiplie les prestations en tous genres : centres culturels, centres commerciaux, inaugurations ou mariages privés… the sky is the limit.
Un rayonnement dans le monde arabe qui témoigne des transformations de la région et vis-à-vis desquelles le collectif carolo est aux premières loges : « Ce sont des pays qui se sont fortement ouverts et où on nous laisse beaucoup de liberté. Avant, c’est vrai que c’étaient beaucoup de drapeaux, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. En Arabie Saoudite par exemple, où nous avons récemment organisé la cérémonie d’ouverture de la 45e session du Comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO, nous sommes reçus comme des artistes et nous avons le loisir de nous exprimer pleinement, même s’il est vrai que nous ne sommes pas non plus provocateurs et que nous travaillons sur des thèmes assez neutres, comme le patrimoine ».
« Pour nous, c’est aussi une manière d’y faire avancer la culture. Apporter de l’extraordinaire dans des pays où le peuple n’a pas toujours accès à la culture via des moyens traditionnels, par exemple à l’occasion du Noor Festival à Riyad ».
Une activité internationale intense qui ne fait pas pour autant l’impasse sur la petite Belgique, où l’équipe organise aussi de nombreux spectacles, sur le Palais Royal, l’hôtel de ville de Charleroi ou lors de différents festivals. Des contrats parfois moins rémunérateurs, mais où les Dirty Monitor profitent de jouer à domicile pour expérimenter de nouvelles choses : « La Belgique, c’est un peu notre laboratoire. C’est ici qu’on peut se permettre le plus de choses. C’est aussi une fantastique vitrine, comme quand on est en pourparlers avec les JO d’hiver de Pékin et qu’on nous demande des précisions sur nos performances au Ronquières Festival ».
Come on Dream on
Deux décennies après s’être lancés, et forts d’une équipe qui compte aujourd’hui une trentaine de collaborateurs, Orphée et Mauro ont de quoi être fiers. Ils sont pourtant loin d’avoir la grosse tête. Au contraire, les deux hommes cultivent une certaine bonhommie anarcho-carolo, en commençant par demeurer fidèles à l’esprit qui les anime depuis leurs débuts : « On reste avant tout un collectif. C’est ce qui nous permet de nous réinventer, sinon on s’ennuie vite. On a des projets avec des délires créatifs où on veut tout changer. Tout le monde vient avec ses idées, c’est ça qu’on kiffe. Les gens viennent au bureau avec le smile. Puis on regarde la dimension pratique et on réfléchit à la manière de les faire aboutir ».
« Le secret ? C’est de continuer à partager, à cultiver son âme d’artiste, à travailler avec des gens avec qui on s’entend bien. Parfois, des choses auxquelles je n’adhère pas émergent, mais ce n’est pas grave. Si les autres sont emballés, je suis. On s’enrichit mutuellement ».
Un modus operandi qui explique aussi la longévité de leur société dans un secteur qui se renouvelle à toute vitesse. Si le mapping 3D est aujourd’hui une technique répandue, les Dirty Monitor n’ont eu de cesse d’évoluer pour rester en phase avec leur temps, jusqu’à proposer des spectacles multisensoriels qui mêlent shows visuels, habillage lumineux et musique, mais aussi prestations live ou dimension olfactive pour plus d’interactivité : « Ça ne nous prend pas six mois pour créer un concept. On essaie de rester attentifs et on évolue quand on sent que le vent tourne. L’idée c’est d’être réactifs, ce qui passe aussi par s’entourer d’une équipe jeune. Chez nous, la moyenne d’âge, c’est la vingtaine. En 2016, nous étions précurseurs avec l’exposition « Van Gogh, The Immersive Experience ». L’expo a tourné partout, avec des millions de visiteurs, mais aujourd’hui c’est un marché saturé ».
Plus récemment, l’équipe s’est aussi démarquée avec « The Smurf Experience » : une véritable plongée dans le monde des petits hommes bleus de Peyo et où les mondes physiques et virtuels s’entremêlent. « On y a intégré des décors en hologrammes, des bornes interactives, du jeu, des pièces immersives et de la réalité augmentée. Une expérience à part entière ». Quant aux derniers projets sur lesquels travaille Dirty Monitor, motus et bouche cousue, même si, confie Orphée, une tendance semble aujourd’hui s’imposer : « Van Gogh, Monnet ou Klimt… ce qui était facile, c’est qu’il n’y a plus de droits d’auteur, mais c’est clair qu’il y a aujourd’hui une demande pour adapter cela à de grandes licences ». Star Wars, Harry Potter ou encore Marvel… il suffit de regarder autour de soi pour se figurer de quoi demain sera fait.
Rois dans le château
Un parcours sans faute et des idées novatrices, tout droit sortis de ce que l’internet qualifie encore volontiers de « plus laide ville du monde »…un paradoxe ? Souvent épinglé comme fer lance du renouveau carolo (en ce compris par la rédaction de ce magazine), Orphée préfère faire un pas de côté. Certes attaché à sa région et au Pays Noir, l’implantation de Dirty Monitor à Charleroi, s’explique d’abord pour des raisons pratiques : « La plupart de nos collaborateurs ne sont pas Carolos, mais viennent d’un peu partout, du Brésil ou de Bulgarie et beaucoup de France. Certains ne sont même jamais venus ici à Charleroi. Nous sommes au centre-ville, en face de la gare, parce que c’est pratique, mais qu’on soit à Charleroi ou à Bruxelles ne change rien. Tout le monde nous connait et, de toute façon, nous travaillons dans un secteur largement digitalisé, où la plupart de nos réalisations peuvent être envoyées en quelques clics. Nous avons aussi un bureau en Chine et on en monte un au Moyen-Orient pour les fois où on a besoin d’un pied à terre et de quelqu’un sur place qui parle la langue ».
Un ancrage carolo qui a débuté dans le salon de Mauro, avant que l’équipe ne migre progressivement vers le Vecteur, « un lieu super alternatif, où on a d’abord pris un petit bureau, puis un plus grand, puis tout un étage », avant de déménager au Quai 10, entièrement remis à neuf, où la société s’est déployée pendant huit années, de 2015 à 2023, avant de finalement s’établir dans ses propres murs, un numéro plus loin, 11 quai Arthur Rimbaud. Une vraie success story made in Charleroi même si, comme l’explique Orphée, la contribution est surtout immatérielle : « Charleroi, c’est vrai, c’est moche, mais plutôt que de se plaindre, je préfère me retrousser les manches et agir. Notre force, c’est notre identité, qu’on retrouve en partie dans nos shows. C’est une esthétique postapocalyptique, presque cyperpunk ».
Une réalité brute qui n’est pas dénuée de charme. Pour Orphée, la richesse de Charleroi, c’est avant tout sa culture alternative qui assure une scène culturelle vibrante portée par des personnes emblématiques, comme Jean-Christophe Gobbe, dit Globule, coordinateur du Rockrill ou encore Nicolas Buissart, un Carolo qui organise avec gouaille un safari urbain dans la région depuis des années, devenu aujourd’hui un véritable blockbuster international. Une « Carolo Attitude » nourrie par des institutions culturelles avant-gardistes, mobilisées pour faire vivre la ville, comme le BPS22, Charleroi Danse ou encore le Musée de la photographie. Autant d’institutions qui figurent dans le carnet des bonnes adresses carolos d’Orphée, qui nous les partage volontiers.
Charleroi je t’aime… moi non plus
Vous êtes du genre nabab amoureux des palaces ? Fuyez pauvre fou, Charleroi n’est pas pour vous ! Mais si vous avez l’âme d’un pionnier en quête de créativité à l’état brut, la ville est peut-être bien l’Eldorado que vous cherchez. Ses habitants, eux, ont en tout cas de quoi vous faire craquer. La preuve en adresses avec la sélection d’Orphée Cataldo.
Où manger un bout ?
Voir cette publication sur Instagram
- RESTAURANT VILAIN : « Margaux Balériaux et Antoine Château proposent une cuisine atmosphérique, dans une grande maison de maître avec jardin. C’est toujours soigné et cool : ils viennent à table donner des explications, sans que ce soit guindé pour autant. C’est plutôt une carte tapas en sharing et la maison propose même sa propre version de la fricandelle, mais uniquement avec de bonnes choses dedans !», Avenue Paul Pasture 365, 6032 Charleroi – @vilainrestaurant
- LA BRASSERIE DU QUAI 10 : « Notre QG pendant huit ans. La Brasserie du Quai 10 est installée dans l’ancienne Banque Nationale de Belgique et le hall intérieur est juste superbe. Il y a toujours de l’ambiance et Giorgio, un ami sarde, y propose une chouette cuisine avec des plats soignés et conviviaux. De plus, il y a toujours quelque chose qui s’y passe, des events et des soirées qui drainent beaucoup de monde. C’est très vivant», Quai Arthur Rimbaud 10, 6000 Charleroi – @quai10_la_brasserie
- L’ENVOLÉE : « Encore un level au-dessus. De la cuisine française comme on l’aime, dans une maison de caractère, mais sans trop de sophistication. C’est clair, il n’y a rien à dire sur la qualité de la bouffe», Rue du parc 53, 6000 Charleroi – @l_envolee_Charleroi
Où sortir ?
Voir cette publication sur Instagram
- LE BAD FESTIVAL : « Nathan et son frère ont ouvert cet espace qui est un parc de containers aménagés. Dès qu’il fait bon, tout le monde est là-bas. Un exemple vivant de l’identité carolo», Rue Chausteur 26, 6042 Charleroi – @bad_festival_charleroi
- L’EDEN : « Un centre culturel qui organise des soirées, des concerts et des soirées après les concerts. L’es-pace dispose d’un hall qui mérite le détour. Amé-nagé avec des plantes, on se croirait au Bota. Il y a aussi une brasserie sympa en journée», Boulevard Jacques Bertrand 1/3b 6000 Charleroi – @eden_charleroi
- LE ROCKERILL : « L’institution, avec ses apéros industriels du jeudi. C’est vraiment cool, y’a full people. L’entrée est libre et ils passent toujours de la bonne musique. Puis l’endroit est juste canon, dans un ancien hall industriel de Cockerill, avec un côté berlinois. Ils organisent aussi des soirées Flashforward avec de grands DJ qui vont des pères de la musique électronique comme Kenny She à de la nouvelle musique électronique. Si il y a un endroit à conseiller, c’est celui-là », Rue de la Providence 136, 6030 Charleroi – @rockerill
À voir, à faire ?
Voir cette publication sur Instagram
- LE BPS 22 : « Notre musée d’art contemporain. Dans l’ancienne université du travail. Il faut aller le voir, il y a toujours des expos très poussées», Boulevard Solvay 22, 6000 Charleroi – @bps22.charleroi
- CHARLEROI ADVENTURE – CITY SAFARI : « Le safari urbain de Nicolas Buisart (voir encadré) Un parcours d’urbex vraiment cool. Il faut le faire pour Nicolas qui mérite le détour et emmène les visiteurs aussi bien dans d’anciennes tours de refroidissement que dans des cafés à Marchienne où de vieux artistes se mettent à chanter pour l’occasion. Une expérience unique», charleroiadventure.com
- CHARLEROI DANSE : « Une grande institution internationale. Dans le reste du monde, on connait souvent Charleroi via Charleroi Danse», Boulevard Pierre Mayence 65c 6000 Charleroi – @charleroidanse
- LE MUSÉE DE LA PHOTOGRAPHIE : « Le plus grand musée de la photo d’Europe, avec des events et des pièces uniques. C’est là qu’on emmène les amis et la famille venus de l’étranger. Un incontournable», Avenue Paul Pasture 11, 6032 Charleroi – @museephotocharleroi
- LES LACS DE L’EAU D’HEURE : « C’est là où vont tous les Carolos quand il fait beau, avec de nombreuses activités nautiques. On y organise des soirées qui bougent bien et on peut aussi y dormir. C’est un peu Charleroi Beach», www.lacsdeleaudheure.be
Quai 10, symbole du renouveau carolo
Au cœur de la Ville Basse, l’ancienne Banque Nationale de Belgique de Charleroi a profité d’un relifting complet dans le cadre du projet Phoenix, cofinancé par le FEDER et la Wallonie. Confiée aux architectes de V+, la rénovation a donné lieu au Quai 10, un tiers lieu dédié au monde de l’image contemporaine et qui regroupe aujourd’hui un cinéma, un espace de jeu vidéo et une brasserie.
Un bâtiment emblématique dédié au divertissement de qualité au cœur de la ville, mais aussi un lieu de ren-contres et d’échanges qui se double d’espaces de travail pour des entre-prises créatives ainsi que d’initiatives à destination des jeunes, comme des séances pédagogiques, des stages et des ateliers de sensibilisation aux médias, ainsi que des cinéclubs et des séances accessibles aux personnes malvoyantes ou malentendantes.
Inauguré en 2017, le Quai 10 est rapide-ment devenu un symbole du renouveau carolo. Un projet de revitalisation ur-baine réussi dans lequel les initiatives financées par l’Union européenne sont nombreuses, comme la Placerelle, la parcelle qui enjambe la Sambre et re-lie la gare de Charleroi-Sud à la Porte des Arts et au Quai 10, la rénovation de la place Charles II pour accueillir le « Charleroi DC » (Charleroi district créatif, NDLR) ou encore le projet Rive Gauche. Des projets parmi d’autres qui soulignent l’impact déterminant de l’Europe dans le soutien aux industries culturelles et créatives comme dans les efforts de redynamisation urbaine. Merci qui ?
Plus d’infos
Cet article a originellement été publié dans le numéro #8 du magazine SIROP paru en juillet 2024 (www.siroplemag.be). Creative KIngdom est un projet cofinancé par l’Union européenne. Les points de vue et les opinions exprimés dans ce numéro sont uniquement ceux des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue et les opinions de l’Union européenne. Ni l’Union européenne ni l’organisme qui alloue les fonds ne peuvent en être responsables.
Crédits images : (c) Joan Repiso, Old Continent Agency ; (c) Dirty Monitor ; (c) Quai 10 – Leslie