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étudiants et covid-19 - canva - boulettes magazine

20 ans en 2020 : les étudiants liégeois et le COVID-19

Si la crise sanitaire a mis en exergue de nombreuses situations de vie compliquées, les étudiants du supérieur n’ont pas été épargnés, loin de là. Plus tout à fait adolescents, mais pas encore pleinement adultes, les étudiants doivent depuis constamment s’adapter aux modifications de leur calendrier. Victimes collatérales du COVID, Boulettes Magazine a rassemblé leurs témoignages.

Les joies d’une première année… à distance

Léa, 20 ans, étudiante en éducatrice spécialisée en promotion sociale

J’hésitais entre la haute école et la promotion sociale pour le type d’enseignement qui y est proposé. J’étais motivée à l’idée de faire des études. J’espérais que la situation sanitaire s’améliore, mais j’ai vite réalisé que tout allait se dérouler en distancié. J’avais peur de ça, car on avait déjà eu un cours à distance par le passé, et c’était super dur niveau concentration. La promotion sociale c’est un enseignement destiné à un public adulte et dans lequel on suit deux ou trois journées de cours par semaine. Heureusement, il n’est donc pas question pour moi de passer toute la semaine devant l’ordinateur, mais je serai en stage d’octobre à mai. Ça aussi… quelle galère de trouver un stage dans ces conditions. 

Céline, 17 ans, étudiante à l’HELMo pour devenir assistante sociale

En fin de rhéto j’avais déjà un goût de trop peu, puisque je n’ai eu ni voyage, ni bal de fin d’année. Ça a été une année compliquée et j’appréhendais beaucoup la suite. J’étais dans un athénée à la campagne et le fait d’aller à la haute école, en ville, était déjà un grand changement en soi. Ce qui me stresse, c’est qu’en secondaire, on est materné : le suivi de la matière est fait avec les professeurs, etc. Dans le supérieur en revanche, il faut pouvoir gérer seul sa charge de travail.

J’ai fait des crises d’angoisse en début d’année parce que je me suis extrêmement vite sentie débordée. Le point positif c’est que j’ai gagné deux ou trois heures par jour que je ne passe plus dans les transports.

Sacha, 18 ans, étudiant éducateur spécialisé à la HEL

En fin de rhéto, j’espérais juste que ça se finisse au plus vite. Ce qui est clairement différent de l’année passée, c’est le rythme. Contrairement au secondaire, aucune matière n’est laissée de côté. Tout doit être maîtrisé et par moments, j’ai l’impression d’être oublié par le corps enseignant. Je me sens débordé.

Être confiné en kot

Sacha, 18 ans

Je viens de Namur à la base, mais je suis en collocation à Liège depuis septembre. Tous mes colocataires sont des Erasmus. Cela ne pose pas de soucis, mais pour se concentrer c’est parfois compliqué parce que nous sommes coincés tous ensemble sans voir d’autres gens.

Un Erasmus ? Pas pour le moment !

Sarah, 21 ans, étudiante en bac 3 en AESI en français-religion à HELMo

Je devais partir au Q2 à Québec. Début septembre, on nous a envoyé un mail expliquant que les Erasmus au Q1 étaient annulés et que ceux du Q2 pouvaient être envisagés, mais que cela dépendrait du code couleur du pays et des mesures qu’il prendrait.

Cela voulait dire qu’on n’aurait su qu’au dernier moment si on pouvait partir ou non. Or, les bourses sont à demander en septembre, et il fallait engager certains frais en amont. J’ai donc préféré annuler.

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Alicia, 20ans, étudiante en bac 3 Langues et Littérature modernes germaniques à l’Uliège

Je devais partir en Erasmus au Q1 à Gand, en Flandre. Je devais loger dans une résidence universitaire, mais j’ai reçu un message du recteur disant que les Erasmus hors Union européenne étaient annulés et que ça allait être compliqué de partir, peu importe où. On m’a expliqué que je pouvais partir, mais que c’était à mes risques et périls ; que si j’attrapais le COVID là-bas, je ne serais pas couverte. Sans nouvelles de la bourse et avec la résidence universitaire qui demandait des garanties financières, il valait mieux annuler. Je ne voulais pas y aller pour rester devant mon ordinateur, ce n’est pas le principe d’un Erasmus.

Émilie (nom d’emprunt), 23 ans, étudiante en bac 3 en Langues et littératures modernes germaniques à l’Uliège

Je devais faire mon séjour Erasmus à Kiel, au nord de L’Allemagne. Le 8 mai, nous avons reçu un email de notre coordinatrice nous déconseillant de maintenir nos séjours. Nous devions rendre notre avis avant le 14 mai.

La règle était la suivante : « au cas où des étudiant.e.s décident de partir malgré tout, ils/elles en prendront l’entière responsabilité financière. Les frais engagés ne pourront pas être repris par l’ULiège en cas d’annulation. »

Je devais sous-louer mon kot durant cette période et tout tombant deux semaines avant la session d’examen, je n’avais ni le courage, ni la force, ni le temps de me tracasser à ce sujet. Du coup j’ai pris la décision d’annuler le séjour.

Rédiger son mémoire à distance

Cécile, 24ans, étudiante en bac 3 en communication à la HEPL

Mon TFE a pour sujet l’analyse du personnage féminin intelligent et original dans les dessins animés. Il doit être réalisé grâce à des recherches et à l’analyse de séries animées. J’ai rencontré pas mal de difficultés en cours de route. Je devais le rendre l’année passée en juin, mais j’ai décidé de le reporter, car avec le confinement, je ne pouvais pas me rendre en bibliothèque et le moral n’y était pas non plus. Au niveau des interviews (facultatives), j’ai abandonné l’idée, car avec le coronavirus c’était trop compliqué d’avoir des spécialistes. Pour m’aider dans mes recherches, j’avais fait appel à Eurékoi (une cellule d’aide aux Chiroux), qui m’a aidé à trouver les livres et les sites internet à distance. J’ai encore quelques difficultés concernant mon moral et ma capacité à continuer comme si de rien n’était. J’essaye de me motiver et me dire qu’après le TFE, j’ai fini.

Caroline, 23 ans, diplômée en psychologie clinique à l’ULiège depuis septembre

Le thème de mon mémoire était les idées de grandeurs. Plus particulièrement, je devais étudier l’impact des émotions positives sur les mécanismes cognitifs impliqués dans le développement et le maintien des idées de grandeur. Un protocole avait été construit et validé par le comité éthique du CHU et de l’université.

Je devais commencer à faire passer des questionnaires avec une camarade à l’hôpital de Glain dès le mois de février. Je n’ai malheureusement pas pu rencontrer un seul patient, car le confinement a été annoncé peu de temps après la prise de contact avec l’un des psychiatres de l’hôpital. Mon mémoire a donc été transformé en « mémoire théorique », soit une revue de questions avec propositions de méthodologies, en conséquence de quoi j’ai dû augmenter considérablement ma revue de la littérature et cibler les questions actuelles liées au sujet.

J’ai proposé une seconde méthodologie, en plus de la première déjà travaillée, pour répondre aux consignes. J’ai effectué ma présentation en visioconférence et malgré des essais son préalables, ça n’a pas voulu fonctionner le jour J. L’assistante a dû m’appeler avec son téléphone pour qu’on ait le son. Malgré cela, j’ai eu 15/20, mais ce n’était vraiment pas confortable.

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David, 25 ans diplômé en bac 3 en agronomie et sylviculture à la HEPL 

 Mon TFE portait sur la génétique du moustique. Pour mon travail, je devais envoyer les résultats prélevés pendant mon stage aux États-Unis pour analyse, parce que ce n’était pas possible en Belgique.

J’ai dû reporter ma défense en seconde session et j’ai attendu jusqu’au 15 juillet des résultats qui ne sont jamais arrivés, parce que le labo a fermé à cause du coronavirus.

J’ai dû recommencer la rédaction d’un TFE de A à Z en un mois en orientant mon écrit vers quelque chose de théorique et sans mes résultats.

Sur fond de difficultés financières

Laurence (nom d’emprunt) 21ans, étudiante en bac 1 en droit à HELMo

Je vis avec ma maman et nous avions déjà une situation financière compliquée avant le coronavirus. Grâce à mon job d’étudiant, on savait encore faire face aux grosses dépenses, mais à cause de la crise, j’ai perdu mon job. Je ne sais pas comment je vais payer mon minerval. Je travaille dans un café en tant que barmaid et employée polyvalente. La bourse que je reçois ne tombera que plus tard, donc en attendant, j’ai quand même des frais. Sans l’argent de mon job étudiant, je ne pourrais pas me payer un ordinateur et je ne peux pas avoir une vie étudiante sereine dans ces conditions. Je ne me plains pas parce que je ne manque de rien, car je travaille énormément, mais en tant qu’étudiante, c’est fatigant de devoir se focaliser sur tout.

Émilie (nom d’emprunt), 23 ans

Mon père s’occupe de la moitié du loyer, mais la nourriture et le reste sont à ma charge. Je ne sais pas retourner chez ma mère, car on n’arrive pas à cohabiter. Du coup, elle m’a donné des sous pour octobre. Pour novembre, je ne sais pas encore si ça sera possible. J’accumule plusieurs jobs en temps normal. Je m’occupe de tables de conversation et je travaille dans une buvette de sport et dans une pompe à essence. Plus récemment, je me suis occupée du screening pour l’université. J’espère arriver à en conserver certains même pendant le confinement.

David, 25 ans

En étudiant à la Reid et en habitant à Flémalle, j’étais obligé d’avoir une voiture. Mon job d’étudiant s’est arrêté et j’ai dû continuer à payer la voiture, même si je ne faisais plus autant de trajets.

J’ai dû puiser dans mes économies et mes grands-parents m’ont un peu aidé, mais comme par hasard c’est à cette période qu’il a fallu changer la batterie de la voiture et un pneu, et que mon ordinateur a grillé.

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Louis (nom d’emprunt), 26 ans, étudiant en master en science de l’ingénieur industriel

Avant la pandémie, j’avais un job qui me payait plutôt bien et maintenant je l’ai perdu. J’ai beaucoup de difficultés à payer mon kot et mes frais de scolarité. Le 20 octobre je n’avais pas encore payé mon loyer et celui de novembre arrive bientôt. J’arrive à peine à me nourrir.

Je ne suis pas belge et je vais devoir renouveler mon titre de séjour, mais mes parents sont retraités, donc ils ne peuvent pas m’aider financièrement. Si je ne trouve pas quelqu’un qui se portera garant pour moi et mon titre de séjour, je vais avoir plus que des problèmes financiers.

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Étudiante en communication à la HEPL, passionnée par ses études, Juliette ne tient pas en place puisqu'elle est aussi Présidente d'un club d'escrime. Elle a rejoint la team de Boulettes Magazine pour partager avec les lecteurs son amour pour la région liégeoise et ses habitants.