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Je suis étudiante et le confinement pourrit ma dernière année d’unif’

Journal de confinement d’un étudiante, jour 4872. Comment ?! Ça ne fait que quelques jours que je suis enfermée ? Impossible ! J’ai déjà les cheveux gras, des poils partout, et je me traîne dans un peignoir qui pue.

La décision est tombée pour les universités francophones, qui suivent docilement, telles des canetons leur mère cane, celle des recteurs du nord du pays… Les cours virtuels et nous, c’est une histoire d’amour qu’on va devoir entretenir, bon gré mal gré, un bon moment encore. Alors c’est le moment de se convaincre que si, notre prof d’ARI (« Anatomie du Rhinocéros des Îles ») a une voix super douce (on sentirait presque l’effet ASMR). C’est aussi le moment de trouver au fond de nous la motivation et la discipline que chacun attendait de nous quand on est entrés à l’université, il y a (au moins) quatre ans et demi. « Vous êtes adultes, maintenant », qu’ils disaient, « vous êtes capables de vous mettre vous-mêmes au travail ».

Dans ton esprit d’étudiante, ce sont pourtant mille questionnements qui surgissent et  t’empêchent de te focaliser sur ce que tu as de mieux à faire. Parce qu’avoue-le : pendant quelques minutes, après l’annonce du confinement, tu t’es surpris à penser que ce serait super, tout ce temps chez toi à pouvoir avancer dans ton mémoire. Mais tu as vite réalisé que tu t’étais fait totalement entuber… non seulement, tu es incapable de te mettre un coup de pied au cul, mais en plus, tu n’as accès à aucune des superbes mines d’informations que tu pensais consulter en bibliothèque. Le tête-à-tête entre ton cerveau et toi te plonge donc dans un intense malaise. Ça, c’est sans compter que, si tu es dans le même abîme infernal que moi, en plus de ton mémoire, tu as une série de travaux à réaliser. Et si les cours virtuels se poursuivent jusqu’en juin pour éviter les rassemblements de foule, y a peu de chance que ta bibli favorite rouvre ses portes. Ben oui, faut être cohérent.

Toi aussi, tu reçois certainement 157 mails sur la même journée, que tu t’amuses à lire dans leur entièreté, alors que tu sais pertinemment que leur contenu peut être résumé de la sorte : « Salut, on ne sait toujours pas comment on va vous évaluer. Bisous. »

Parce qu’il faut bien le dire, c’est l’une de nos préoccupations principales, ces examens. Qu’en sera-t-il ? Serons-nous réduits à devoir passer des examens oraux via Snapchat ? Note, ça pourrait être amusant, quand on y pense. Faut juste pas se planter sur les filtres. Quoique…

Ce qui est un peu moins amusant comme étudiante, ce que c’est désormais inéluctable : nous finirons notre année seul.e.s. Terminée, la douce époque où même si on se levait à six heures du matin pour ce cours nul, on s’accrochait à la joie de retrouver nos petits camarades pour de nouvelles aventures. Ainsi s’achève, excuse-moi de te le rappeler (encore), ta scolarité : dans la solitude la plus totale. Enfin, reste à espérer que le confinement sera tout de même levé avant juin, histoire qu’on puisse aller boire un verre dans le carré sous le soleil du printemps ou squatter le kot de notre meilleur pote.

D’ici là, mes chers compagnons, haut les cœurs. Et surtout, restez chez vous. Parce que se faire pourrir notre dernière année universitaire, c’est une chose ; se pourrir la santé et risquer celle des autres, c’en est une autre.

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Diplômée en langues et lettres françaises et romanes, Mathilde ne se voyait pas du tout prof de français. Son dada, à elle, c'est la rédaction. Elle a rejoint l'équipe déjantée de Boulettes début 2020 et compte y rester jusqu'à ce que la mort les sépare.