Ne cherchez plus, on a trouvé les plus beaux bouquets de Liège
Julie Ahn, alias Mund Studio, n’est pas fleuriste, elle construit des bouquets inspirés de sa carrière d’architecte, dont les volumes audacieux dégagent une poésie folle. Rencontre avec une artiste qui manie textures et couleurs avec élégance et curiosité.
Mais d’abord, donc, l’architecture. Spécialisée du design d’intérieur, Julie Ahn s’apprête à finaliser son dernier projet, avant de pouvoir se consacrer pleinement à son nouveau départ professionnel et à Mund, son studio de création florale.
Une reconversion à l’allure d’évidence, pour celle pour qui les fleurs « ont toujours été là ».
« Je viens de la campagne, j’ai grandi les mains dans la terre et dans le ciment, au milieu des travaux et d’un jardin où mon grand-père passait des heures. J’en ai fait mes deux métiers sans vraiment m’en rendre compte » raconte-t-elle.
Sauf que pour ce qui est du ciment, ou plutôt de l’architecture, en 2021, un burn-out remet en cause ce choix de carrière.
« Chaque fois que je passais la porte d’un fleuriste, chaque fois que je jouais avec les fleurs du jardin, je respirais. Et puis, après une de ces discussions où on refait le monde un soir d’été, je me suis inscrite en cours du soir en me disant simplement qu’on verrait bien ».
Un peu plus de trois ans plus tard, c’est tout vu: Julie a clairement un don pour la composition florale, et les bouquets et autres sculptures végétales qu’elle imagine pour le compte de Mund Studio sont d’une beauté à la fois follement fraîche et joliment intemporelle, du genre à sublimer chaque intérieur dans lequel ils fleurissent.
Lire aussi: Du droit à La Planche, la délicieuse reconversion de la reine de l’apéro principautaire
Le pouvoir des fleurs
« Je dirais que mon esthétique est épurée et asymétrique, avec une grosse influence de l’ikebana et de l’art floral japonais en général, mélangée à la façon dont notre regard est éveillé dans les études d’architecture » décrypte la Liégeoise de 34 ans.
« Je respecte les fleurs et leur mouvement. Je ne vais pas contre elles, et je veux qu’elles aient chacune leur place dans les créations sans s’y perdre ».
« Et puis je fais aussi très attention aux textures, aux couleurs, aux pleins, aux vides, pour créer une identité graphique propre à chaque bouquet ou composition. Je reste une énorme passionnée d’art, de design, de graphisme et de tout ce qui y touche de près ou de loin. Ça vient nourrir énormément mon travail avec les fleurs ».
Dont acte: à l’heure d’écrire ces lignes, cela fait quelques jours qu’un de ses bouquets de Saint Valentin prend ses aises sur notre table basse.
Joliment prénommée Love Actually, cette composition autour du rouge signée Mund Studio est tout sauf un simple bouquet. Chacune des fleurs et des tiges qui la compose semble en effet danser au son d’un rythme qui lui est propre, les branches s’épanouissant parfois au mépris des règles de la gravité plutôt que de rester sagement groupées comme dans un bouquet traditionnel.
Le résultat est réjouissant et presqu’hypnotique, et on ne se lasse pas de voir évoluer la composition au gré des journées de floraison, plutôt que d’assister, tristes et impuissants, au spectacle des fleurs qui fanent inexorablement.
View this post on Instagram
« Je trouve que les fleurs qui ramènent des souvenirs ou qui montrent qu’on a prêté attention aux détails sont les plus belles pour montrer à quelqu’un qu’on l’aime » répond Julie à la question de savoir si certaines variétés sont particulièrement propices à déclarer sa flamme.
Et de confier qu’en ce qui la concerne, « de manière purement sentimentale, le coquelicot et le tournesol sont des fleurs qui me rappellent mon enfance. Mais sinon, il y a tellement de variétés, tellement de fleurs qui répondent à des émotions ou des moments différents que c’est dur d’en choisir. Je les découvre ou les redécouvre à chaque saison, et c’est une nouvelle histoire d’amour à chaque fois ».
Lire aussi: Grosse baise, notre enquête exclusive sur l’amour, la drague (et le sexe) à Liège
L’amour en héritage
Et l’amour, Mund en est pétri, puisque le studio doit son nom à Raymond, le grand-père de Julie, « dont le prénom est composé de Ragin et Mund, conseil et protection. C’est une manière pour moi de lui rendre hommage, parce que c’est lui qui m’a appris les fleurs, mais surtout qui m’a appris à suivre mes passions et à alimenter le feu qui nous anime quand on fait ce qu’on aime. Je voulais un peu de lui avec moi dans cette nouvelle vie ».
Studio? « C’est pour la référence au studio d’artiste, ce lieu plein de possibles où l’on crée ».
« Mon travail va du bouquet à l’événement ou au mariage, en passant par les abonnements professionnels et les compositions sur mesure à la demande. Tout le monde y a accès. Les bouquets « one shot » sont à commander via un formulaire en ligne qui reprend toutes les options possibles. Ils débutent à 25 € et sont préparés dans un délai de 24 h minimum les jeudis, vendredis et samedis, en retrait ou livraison. Sinon, je suis disponible par message et par mail » précise encore Julie.
Avant de la quitter, on ne résiste pas à lui demander ses secrets de pro pour prolonger la longévité de chaque composition florale.
« Il y a une multitude de petites astuces de grand-mère et de façons de faire en fonction des variétés de fleurs, assure-t-elle.
Mais, de manière générale : une toute petite (mini) goutte de javel dans l’eau des fleurs pour éloigner les bactéries responsables de leur fin de vie prématurée,
Il faut aussi changer l’eau tous les deux jours et recouper les tiges en biseau en retirant les fleurs fanées ou celles dont les tiges sont en train de se désagréger. On évite de les placer près d’un point de chaleur ou en plein soleil. Et si vous les mettez dans une pièce fraîche, elles tiendront encore plus longtemps ».
Tiens, et tant qu’on parle de longévité, comment envisage-t-elle de pérenniser sa jolie reconversion fleurie?
« À terme, j’aimerais que Mund Studio devienne un lieu pluriel, un vrai studio d’artiste où la création et les instants sont ce qu’on vient trouver, mais pas un commerce classique. En attendant, je souhaite juste qu’il évolue en accord avec mes valeurs et que je puisse le façonner pour évoluer loin des contraintes de la fleuristerie. Je veux pouvoir prendre le temps, savoir que l’odeur des tagètes rappelle l’odeur de sa maman à cette cliente ou que la fleur préférée d’une autre est la tulipe. Échanger, créer une expérience unique. Et expérimenter, le plus possible ».
C’est tout ce qu’on lui (et ce qu’on se) souhaite, car de tels projets rendent décidément la Principauté encore plus belle.
Mund Studio
Rue Monulphe 7 / @mund.std
