Maison Darius : le café torréfié liégeois
Le Darius café est un projet de famille, tiré par une grande sœur qui en avait marre d’attendre son premier job après des études de journalisme. Inspirée par leurs nombreux voyages, notamment à Montréal où la culture du café bar est installée depuis longtemps, la fratrie a décidé de se lancer. Retour sur une success story torréfiée à la liégeoise.
Elsa m’accueille, avec un grand sourire, plein de douceur et de timidité. Elle me propose un café, avant de se raviser : « c’est plutôt un thé glacé à la framboise que tu prends d’habitude, non ? ». Elle rajoute un cookie fraîchement sorti du four et l’entretien peut commencer. On ne se connaît pas bien, car on n’a pas souvent l’occasion se parler. C’est qu’au Darius café, l’espace à la caisse est exigu et les commandes s’enchaînent. Cette fois, on va passer deux heures à échanger non-stop. Elsa, qui me disait refuser les interviews, accepte de se prêter au jeu pour Boulettes Magazine : « parce que les vibrations sont bonnes » et que la confiance s’est construite, petit à petit, au fil des années, à force de thé glacé à la framboise.
C’est dans un minuscule espace au coin de la Place du 20 août que les quatre frère et sœurs lancent leur projet. L’idée est simple : offrir des tartines minutes (beaucoup de clients semblent encore pleurer leur départ de la carte), du café à emporter et puis aussi des pâtisseries maison, le petit plus pour arriver à rendre le tout rentable.
Le nom, Darius, est un hommage à leur père et à leurs origines perses. De longs mois de discussions pour trouver ce joli nom qui a désormais sa place dans le cœur de très nombreux Liégeois.
L’affaire prend et le Darius café se fait en peu de temps un nom sur la place de Liège. Les commandes se suivent et rapidement, le petit espace qui fait face à l’université devient trop petit. Jusqu’au jour où le propriétaire du local adjacent les informe que le bail de son locataire arrive à échéance.
Ils en avaient déjà rêvé lorsqu’ils avaient pris la première photo de la façade de leur café. Ils avaient osé voir grand, et c’était une excellente idée. Le mur entre les deux bâtiments est maintenant percé, la décoration a évolué. A chaque étape, la fratrie a cherché à apporter sa touche personnelle, comme dans la qualité des matériaux, en choisissant du granito liégeois.
Entre temps, le projet s’est recentré sur Elsa et son frère Georges, ainsi que sur le café, le produit phare de la maison. Ils souhaitent offrir le plus de transparence possible quant aux produits qu’ils utilisent, ce qui est parfois compliqué en l’absence de contact direct avec les producteurs.
Rombouts leur propose un partenariat qui leur permet de lancer leur café signature. Ils ont l’exclusivité sur les grains de café produits sur leur parcelle, à Manuhacu, au Brésil. Ils trouvent également un local qui leur permettra de lancer un concept autour de la torréfaction, avec le torréfacteur au centre, comme pièce maîtresse de ce nouveau tableau. L’idée d’un Darius 2 est lancée.
Pour y arriver, les travaux seront longs. Très longs. Les clients fidèles trépignent d’impatience, Georges et Elsa aussi. Elle se forme sur la torréfaction à Vancouver, apprend à obtenir des notes subtiles à partir des grains de café, grâce à un mode très lent de torréfaction. Ensemble, ils sélectionnent quelques cafés d’exception pour les faire découvrir à leurs clients. Ils osent rêver que Liège ne fera plus la grimace en avalant du café vraiment pas terrible. Ils osent être aussi exigeants pour leurs clients qu’ils le sont dans leurs propres choix de consommation. A la carte, ils envisagent aussi de proposer des bagels et des donuts préparés sur place, dans une cuisine vitrée. Transparence oblige.
Elsa se rend compte, qu’en tant que commerçante, elle a une influence importante sur la manière de consommer des gens qui poussent la porte de son établissement. Elle réduit ses déchets, remplace ses contenants en plastique par du PLA. Elle cherche constamment à améliorer son concept et à favoriser les produits locaux. Idem pour la décoration de ses deux établissements qui sont confiés à des artistes liégeois.
La discussion avec Elsa se poursuit. On parle de son métier de scénariste, sa passion qu’elle a laissé de côté pour initier l’aventure Darius. Elle se dit aussi que Darius, c’était une bonne excuse lorsqu’elle avait peur de se lancer dans le métier du cinéma. Elle s’est remise ces derniers temps à écrire quelques scénarii, surtout des courts-métrages.
Elsa parle de son admiration pour Xavier Dolan et de la proximité artistique qu’elle retrouve chez lui par rapport à ce qu’elle a toujours eu en tête. De Mommy, le film qui a bouleversé sa vie. De ses séries cultes, Six Feet Underet Fleabag. De la dernière saison de Game of Thrones.
Ensemble, nous parlons aussi de méditation, de ses craintes, des bienfaits, de ma pratique quotidienne qui lui donne envie de se lancer.
Le Darius, c’est cet endroit à Liège où l’on peut se poser pour papoter entre amis, pour y bosser calmement ou pour déguster les plats préparés par des férus de cuisine. On ne s’y sent jamais seul tant l’espace dégage une énergie positive. Et puis, dorénavant, c’est aussi ce nouvel endroit où l’on peut apprendre à déguster le café, torréfié sur place par cette fratrie attachante, qui a débuté son aventure il y a cinq ans dans un espace d’environ dix mètres carrés, mais qui rêvait déjà de cet établissement, rue Haute Sauvenière.
Et pour fêter cette ouverture et cette interview, les vingt premiers d’entre vous qui se rendront au nouveau Darius et susurreront le mot de passe « Xavier Dolan » au moment de commander, auront droit à un délicieux cookie gratuit !
Bonne dégustation et longue vie au Darius
Maison Darius
Rue Haute Sauvenière 1
