Boulettes Magazine

Le magazine gourmand de découvertes
TOP
Nicole

Nicole, le magazine qui met le doigt sur le plaisir féminin

La jouissance féminine, mythe ou réalité ? Graal ou pression sociale ? Sur internet on lit orgasme, révolution et égalité des sexes. Mais en quoi consiste vraiment le plaisir féminin ? Nicole, le magazine créé par Sara Martin Garcia, est le rendez-vous hebdomadaire qui traite le sujet en profondeur.

« Nicole en trois mots, c’est sans tabou, informatif et fédérateur. Son rôle principal, c’est de faire réfléchir. Moi, j’amène le sujet et je brise les tabous. J’essaie de comprendre le pourquoi et de transmettre cette information afin de déconstruire certaines fausses croyances, faire réfléchir les gens et bousculer les mentalités. »

Du corps et du cœur

Nicole

Diplômée en communication visuelle et graphique à Saint-Luc Liège, à 26 ans, Sara sort d’un master en design éditorial. Une formation durant laquelle Nicole prend sa forme actuelle. Mais le magazine est né bien plus tôt. Désapprouvant les représentations actuelles du corps de la femme, notamment via l’hyper-sexualisation à la TV et dans les publicités, Sara est marquée par la série The Handmaid’s Tale où elle considère qu’il y a une part de réalité et décide de faire entendre ses convictions.

« Mes parents m’ont inculqué des valeurs comme l’indépendance et l’affirmation de soi. Grâce à eux, j’ai appris à m’exprimer, à savoir dire oui ou non et la sexualité n’a jamais été un tabou chez nous. »

Nicole est donc la suite logique de ses études et d’un travail mené sur plusieurs années : « Depuis mon jury, quand j’ai compris que c’était vraiment fini, je me suis dit que je ne pouvais pas m’arrêter là, il fallait que je fasse de Nicole, une réalité. Entre juin 2019 et juin 2020, j’ai donc fait évoluer le projet avec Bénédicte Philippart De Foy de chez CREAPME. »

Mise à nu

Nicole

Reflet des courbes féminines, le magazine illustre le corps de la femme avec la sensualité et le respect qui le définissent. « Je suis graphiste de formation, » souligne Sara, « donc je ne saurais pas faire autrement qu’allier visuel et articles (rires). Et puis tout se passe sur Facebook et Instagram donc il y a une autre approche dans l’identité du magazine. » Pas à pas, si Sara construit un univers graphique et sensoriel autour du corps de la femme, Nicole veut répondre aux questions que nous nous posons à tout âge. Et on sait tous.tes qu’il y en a pléthore.

« Mes sujets viennent de beaucoup de lectures ! Il y a un très gros travail de recherches, je fais des rencontres avec des sexologues et j’en parle beaucoup autour de moi, c’est très intéressant car je recueille de vrais témoignages. Une fois qu’un sujet m’intéresse je me demande ce que je veux dire, comment je veux le dire et puis j’essaie de pousser à la réflexion. »

Sur sa table de chevet, Sara y dépose différents bouquins donnant des indices sur ses prochains articles, actuellement ses livres sont « Le regard féminin, une révolution à l’écran » de Iris Brey et « Ces hommes qui m’expliquent la vie » de Rebecca Solnit. D’ailleurs, l’article du jeudi 6 août ? « Tu veux ou tu veux pas ? » parle du consentement – un non est un non – et de la raison pour laquelle, en 2020, on doit encore rappeler cette notion.

La place de l’homme

Nicole

Sara estime qu’exclure les hommes des débats et des combats féministes est contreproductif : « Je trouve qu’ensemble on est bien plus fort pour réfléchir qu’en étant les uns contre les autres, je crois que ce n’est pas l’idée. »

Si l’image du magazine, de par son nom et sa charte graphique, semble s’adresser aux femmes, Nicole parle tout autant aux hommes : « Les hommes me donnent plus de retours positifs que ce que je n’aurais imaginé. Je vois que ça les touche. C’est donc bien plus qu’un magazine de nanas, c’est un magazine qui éduque les femmes et les hommes. Je suis très contente que l’objectif de Nicole ait été compris. »

Prochain chapitre

Nicole

Nicole c’est le projet de vie de Sara. Pour la suite, elle souhaite mettre en place de nouvelles choses : « Dans mes articles, je souhaite pousser à la réflexion, à la conscientisation mais surtout au partage et à l’échange avec les lecteurs. C’est là que toute la partie conférence débat que je suis en train de mettre en place est importante, même primordiale, afin de rendre vivant mes articles. Je souhaite vraiment pousser à la réflexion jusqu’à la rencontre. »

Dans un avenir plus lointain, Sara souhaite créer un site avec plus de contenu, des reportages plus pointus, des interviews de femmes et d’hommes, pour que tout le monde puisse prendre son pied !

« En fait, quand t’es la première personne qui parle de sexualité, les gens autour de toi se sentent direct à l’aise, même mes amis, du coup ils en parlent aussi et je trouve ça génial. J’aime avoir ce rôle là et Nicole le joue aussi. Le fait de voir les gens répondre, participer au débat et réagir à mes articles, ça me pousse à aller plus loin, et finalement, ça met tout le monde à l’aise. C’est comme ça qu’on va alimenter le débat. »

L’avis des experts

Nicole

Quand Nicole nous parle du plaisir, et a fortiori du plaisir féminin, et bons hédonistes, chez Boulettes Magazine, on applaudit des deux mains. Mais jusqu’à quel point faut-il s’immiscer dans l’intimité ? On a demandé leur avis à deux experts, qui accueillent positivement la démarche, même s’ils rappellent l’importance du libre-arbitre de chacun.

Docteur en psychologie, sexologue, psychologue clinicien et psychothérapeute, Philippe Kempeneers salue l’initiative : « C’est une bonne chose, puisqu’elle vise à rendre public des connaissances et des informations relatives à la sexualité, où il y a beaucoup de représentations inadéquates et extrêmement normatives. Les informations données aux femmes sur la sexualité masculine peuvent être intéressantes aussi. Dans un sens, cela vaut pour les deux sexes : aider à comprendre le corps de l’autre permet une sexualité plus épanouie pour les deux parties. ». Et celui-ci de poursuivre avec sa définition du plaisir : « ça peut-être un plaisir génital, orgasmique, un plaisir beaucoup plus sensuel, de toucher, de relation intime… Le plaisir est multiforme, il serait dommageable de le réduire à une seule de ses composantes. » Homme hétérosexuel, Philippe Kempeneers se dit aussi pleinement concerné par le plaisir féminin et invite tous les hommes à s’informer :

« énormément de la sexualité se passe dans la tête. Cela fait référence à nos expériences les plus intimes et fait résonance avec tout notre vécu, ce qui nous a formé en tant que personne et non pas seulement en tant que genre. »

Si elle accueille positivement la démarche, Géraldine Jacquemin, Sexologue clinicienne, thérapeute de couple et enseignante en sexoanalyse à l’ULB, souligne tout de même un risque : « Si c’est rassurant et informatif pour certaines femmes, d’autres peuvent y voir une source de pression, entrainant d’autres contraintes : réussir sa sexualité devenant une obligation, avec l’impératif de parvenir à l’orgasme. Certaines patientes expriment en consultation un sentiment de ne pas être normales si elles n’atteignent pas l’orgasme. C’est important de rappeler qu’il n’y a pas de normes mais que le plaisir revêt mille formes dans l’intimité sexuelle : la volupté, la sensualité et la part humaine et émotionnelle sont autant d’éléments à prendre en compte. Il faut savoir aussi que tout au long de sa vie, la femme traverse différentes phases par rapport auxquelles elle va s’investir et s’inscrire de manière différente dans sa sexualité. Le plaisir, on en parle toujours comme une valeur absolue mais c’est important de le relier au contexte (travail, santé du couple, naissance des enfants, départ des enfants, maladie, retraite, âge, ménopause,..). Différents facteurs vont influer la manière dont la femme va vivre sa sexualité comme l’image corporelle et les facteurs hormonaux qui sont évolutifs. Donc Nicole doit rassurer à tout âge ».

Plus d’infos

Nicole

Pourquoi Nicole s’appelle Nicole? Il y a d’abord l’envie personnifier le projet avec un prénom de femme. Ensuite, Nicole s’approprie son corps. Elle est consciente des freins patriarcaux. Et elle les conteste tous les jours. Nicole. veut faire de son corps un endroit qui lui appartient, où sa sexualité peut s’épanouir. « Nidicole » : on dit d’un animal qu’il est nidicole quand il reste dans son nid, là où il se sent protégé et dans son intimité. « Colere: habiter » : le suffixe -cole vient du latin colere, qui signifie habiter, être installé dans. Nicole., c’est une manière de s’installer dans son corps et d’habiter son intimité.

Nicole. sur Facebook 

Nicole. sur Instagram 

Photos : D.R., Fabio Amato (@cloudsdealer) – Unsplash

 

Philippe Kempeneers

Centre Psy pluriel

Centre hospitalier du Bois de l’Abbaye 

 

Géraldine Jacquemin
Centre Psy pluriel

Polycliniques Universitaires L. Brull du CHU de Liège 

 

Lire aussi :

Après un passage chez ELLE Belgique et Paris Match, la plume de cette publicitaire de formation, mordue de copy-writing, s'est posée chez Boulettes Magazine où elle rédige des reportages percutants et des articles lifestyle brillants. Retrouvez, aussi, une partie de son travail dans le magazine PUB.