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Harcèlement de rue Liège - Boulettes Magazine

Une Liégeoise victime de harcèlement de rue livre un témoignage percutant

Quelle Liégeoise n’a jamais été victime de harcèlement de rue en se promenant en ville, de jour comme de nuit? Excédée après une sortie gâchée, l’une d’entre elles a décidé de dénoncer la situation dans un post partagé plus de 400 fois en moins de 24 heures, signe s’il en est que la situation est symptomatique, et que les Liégeoises en ont marre. 

Début mai 2020, 18h, balade entre amis en bord de Meuse. Deux couples, les garçons marchant devant à 2 mètres d’écart, les filles pareil à une certaine distance d’eux, pandémie oblige. Au bas de la Passerelle, côté Outremeuse, un attroupement de quelques hommes devant lequel les deux membres masculins du quatuor passent sans même vraiment les remarquer, la réciproque semblant d’ailleurs être vraie. Quand les filles se rapprochent d’eux, leur attitude change: gestes désobligeants, remarques insultantes, le copain de l’une d’entre elles intervient, se fait menaçant, tout le monde repart sans qu’il n’y ait de bagarre, mais tout de même, l’événement a secoué ce qui n’était jusque là qu’une agréable balade au soleil. Un problème isolé? Au contraire, la problématique gangrène l’espace public des villes, et Liège n’est certainement pas en reste, ainsi que le démontre encore le témoignage d’une jeune liégeoise publié en story sur son compte Instagram ce lundi 25 mai.

Lire aussi: Le harcèlement de rue, un combat permanent à Liège

 

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Quand le harcèlement de rue pousse à rentrer

« Alors que je cherchais un banc sympa sur lequel lire mon livre ce soir, vous avez été plusieurs à gâcher ma tranquillité, à rendre cette sortie angoissante, et de surcroit, écourtée » dénonce-t-elle.

D’abord, un mec à vélo alors qu’elle traverse la Passerelle. « Tes commentaires, ton arrêt, ton regard et tes bruits de mastication ont suffi à me faire regretter d’être sortie de chez moi en cette soirée paisible ». Malheureusement, il n’est pas le seul. Un autre conseille à son pote de « mater ce qui passait » par-dessus son épaule, suivi par un groupe de mecs « tous plus inventifs les uns que les autres dans les bruits qu’ils semblent être capables de produire avec leur bouche ».

« Et puis tu es revenu, toi, le mec à vélo. J’avais mis mes écouteurs pour essayer d’ignorer plus facilement les commentaires, mais j’ai vu ta roue s’approcher de moi. J’ai tourné la tête, tu te léchais la lèvre en me demandant si j’avais pas envie de compagnie. Je te réponds que non, que tu m’ennuies, tu me demandes mon numéro, je dis non, tu insistes, je dis non. Tu finis par partir, et je décide de traverser au prochain pont pour rentrer chez moi ».

Et la jeune Liégeoise de poursuivre, parce que malheureusement, dans les cas de harcèlement, la victime est toujours perçue comme étant coupable, qu’il était 20h30 (bien loin d’une éventuelle « heure du crime », donc) et qu’elle portait un pantalon et une veste en jeans.

« Non pas que ces détails devraient compter, mais je me sens obligée de les ajouter ».

 

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« Oui je me suis sentie comme un objet, ou un animal, ou une chose, ou n’importe quoi d’autre qu’un être humain. Non, ça n’était pas des compliments innocents » dénonce-t-elle encore.

Avant de souligner avoir publié sa story alors qu’elle était encore dans la rue, par volonté de « ne pas vous laisser gagner alors que j’ai croisé plein d’autres personnes normales sur ma sortie ». Puis de finir sur une question que se posent bien d’autres Liégeoises: « BORDEL, QUAND SERONS-NOUS TRANQUILLES? ». Pas tout de suite, s’il faut en croire les dizaines de récits similaires publiés en commentaire de son témoignage. Et c’est bien dommage.

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Montage de couverture sur base d’une photo Flickr de Benjamin Photographe

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.