LieGin, le Gin liégeois qui voulait séduire la Flandre
On le retrouve déjà dans les épiceries fines et chez les cavistes wallons, bruxellois et luxembourgeois. Mais on devrait aussi bientôt le voir pointer le bout de son goulot en Flandre, où il vise à séduire un nouveau public. Lancé sur le marché en 2016, le gin artisanal liégeois LièGin poursuit son ascension. Et devrait même sortir un tout nouveau gin aux saveurs de fèves de chocolat à la rentrée.
Au départ, il s’agissait d’une « simple » activité complémentaire. D’un projet audacieux mené par un jeune passionné de gin. Son idée ? Lancer sur le marché belge un gin bio 100% liégeois. Quatre ans plus tard, le bébé a (bien) grandi. LièGin est aujourd’hui un gin valeureux, reconnu et apprécié en région Wallonie-Bruxelles et au Grand-duché de Luxembourg. Mais c’est aussi une petite entreprise à part entière. Elle s’est considérablement structurée à tous niveaux et emploie quatre personnes au quotidien. Mieux : elle envisage l’avenir et la période post-covid avec optimisme et ambition. Entretien déconfiné avec le fondateur de LièGin, le trentenaire belfagétain Romain Jans.
Romain, pour ceux qui ne connaissent pas encore LièGin, peux-tu nous rappeler comment tout a commencé ?
Ça remonte à l’année 2016. A l’époque, j’avais un job salarié, chez Eloy. En tant que passionné de gin et bon Liégeois festif qui se respecte, je me disais que ce serait sympa de faire quelque chose d’autre à côté et de proposer un gin avec une identité liégeoise. Je voulais proposer quelque chose de nouveau, un gin accessible à tous, avec moins d’amertume, un produit peut-être plus agréable pour un public féminin aussi.
Je n’avais par contre pas de compétences spécifiques en la matière. J’ai donc appris, notamment en allant dans des distilleries en Angleterre pour voir comment se passait le processus de fabrication du London Dry. Puis, je me suis lancé.
Il y a eu beaucoup de recherches, de mélanges, d’essais non-concluants… mais avec beaucoup de patience et de dégustations entre amis, on a trouvé le juste équilibre entre arômes de fruits rouges, noirs et épices. Et vu que l’activité évoluait bien, en août 2019, j’ai démissionné de mon job salarié pour tenter l’aventure LièGin à fond.
Tu t’attendais à ce que ça décolle à ce point ?
Pas spécialement. Quand j’ai commencé, on me disait que la vague du gin allait passer. Mais je vois que ça reste un best-seller, avec le whisky. J’y ai toujours cru, car pour moi, le gin a un côté aussi bien festif que ludique. On le déguste en groupe, c’est frais et on peut l’utiliser pour composer soi-même ses cocktails. Au niveau du prix, c’est comme dans tous les secteurs, il y a un peu de tout. Avec LièGin, on cible des consommateurs à la recherche de produits haut de gamme Premium (NDLR : l’appellation Premium est réservée au gin de 43° et plus) produits localement et de manière artisanale, avec les meilleurs ingrédients et une touche d’innovation. Mais bon, après, on peut avoir le meilleur produit du monde sur papier, tout est toujours une question de goût.
Justement, si tu devais décrire LièGin en quelques mots, tu dirais quoi ?
LièGin est liégeois et vise à travailler avec des producteurs et artisans locaux. Puis, LièGin est bio, sauf sur l’édition Gicopa. Enfin, on veut que notre gin ait un goût assez distinctif : plus faible en amertume, plus doux, plus accessible qu’un gin classique et… beaucoup de fraîcheur !
Le consommateur d’aujourd’hui a besoin de découvrir de nouvelles saveurs, des associations inattendues… l’innovation est devenue notre cheval de bataille, dans le respect strict des traditions artisanales de production. C’est un doux mélange de modernité et d’authenticité « made in Liège ».
Pour l’instant, le LièGin se décline en quatre produits différents : le Classic, le Violette Gicopa, le Standard de Liège depuis l’année passée et le Blood Orange. Tu envisages d’étendre la gamme existante bientôt ?
Oui, mais je préfère ne pas trop en dire pour l’instant (sourire). Allez, disons juste qu’il s’agira d’un nouveau gin 100% liégeois, qu’on produira en collaboration avec un chocolatier qui a le vent en poupe. A priori, on devrait le lancer le 1er septembre. Avant ça, on relance le Summer Blood Orange pour répondre à une demande estivale.
On sort d’un confinement historique de 3 mois. Comment l’as-tu vécu ?
Le mois de mars a été catastrophique, mais cette période nous a aussi permis de reposer certaines bases stratégiques, de penser à l’orientation qu’on voulait donner à notre activité. On avait certains projets en été, comme une présence au « Feel Good Festival » et aux « Solidarités », qui sont forcément tombés à l’eau et qu’on ne pourra pas récupérer. Mais on a mis cette crise à profit pour démarcher de nouveaux clients, pour faire des « packs livraison ». Et on a continué à vendre. Les gens n’ont pas pu sortir ces derniers mois et dépenser comme ils l’auraient peut-être fait en temps normal. Mais en contrepartie, ils ont voulu se faire plaisir à la maison, notamment en achetant une bonne bouteille. Malgré le covid et le fait qu’on ne soit actif qu’en région Wallonie-Bruxelles et au Luxembourg, on devrait quand même écouler 30.000 bouteilles cette année. Au final, on ne s’en sort pas trop mal.
En parlant d’orientation future, quel est le grand défi de cette fin d’année 2020 pour LièGin ? L’export en fait-il partie ?
On essaie d’abord d’être maître sur notre marché et d’y véhiculer notre identité liégeoise. Dans cette optique, le gros défi, c’est la Flandre, où on n’est pas présent. En septembre 2019, trois actionnaires ont intégré la société. On a désormais quatre personnes pour couvrir toute la Belgique : deux sur la partie Wallonie-Bruxelles et deux autres qui vont s’attaquer à la Flandre. C’est une belle perspective d’évolution.
Lire aussi :
- Distillerie de l’Espérance : de l’assommoir au devoir de mémoire
- 10 infos croustillantes sur la gastronomie liégeoise
- Des Liégeois ont inventé l’eau alcoolisée
A propos
Crédit photos: D.R., LièGin