Weaving on the Mountain : Des tapis magiques tissés à Liège
Weaving on the Mountain ce sont des tissages muraux, mais aussi, et surtout, des tapis en laine, créés ou plutôt tuftés, par Anne-France Gravy. Une technique encore peu connue à Liège, mais bien partie pour durer. Des tapis tout doux pour vos pieds et pour vos yeux, directement imaginés et conçus depuis l’une de nos montagnes principautaires !
Il y a plus ou moins un an, Anne-France découvre une technique de tissage nommée « tufting » (ou tuftage en français). Véritable coup de cœur, elle décide de se lancer à fond dans cette nouvelle passion : « Au départ, je suis enseignante en Arts plastiques, j’ai été formée à Saint-Luc Tournai. Je viens du Hainaut et je suis arrivée à Liège il y a pas mal d’années déjà. Je suis prof, j’adore mon métier, mais j’ai toujours eu envie de travailler la matière textile. Un jour, je suis tombée sur des formations de tissages à la berbère. Le tissage a été un exutoire et maintenant, c’est comme une drogue. Tout le reste, je l’ai appris de moi-même, après des heures et des heures de recherches sur des sites, à poser des questions, à rencontrer des gens, lire des livres… »
Weaving on the Mountain ça veut dire « Tisser sur la montagne », le nom m’est venu car j’habite Montagne Sainte Walburge, je voulais vraiment garder cet ancrage liégeois.
Tapis volant, tapis tufté
Le tufting se travaille avec un pistolet, conçu uniquement à cet effet et qui, à l’achat, ne se trouve qu’en Asie pour l’instant, explique Anne-France. Au bout de ce pistolet, il y a une grosse aiguille, comme une machine à coudre. On y insère le fil de laine (ou autre) et on travaille sur une toile tendue – sur un cadre plus précisément. Le pistolet envoie du fil coupé, selon la longueur désirée. « Le fil peut-être plus ou moins épais. Personnellement, j’essaie de limiter l’épaisseur, sinon c’est très lourd. En général mes tapis vont jusqu’à 4 kilos. Une fois que tout est fini, je mets une couche de latex derrière et un tissu d’ameublement, et enfin je tonds le tapis. »
En faisant abstraction du boulot et des gosses (rires), Anne-France estime à une semaine le temps qu’elle met pour tufter un tapis de A à Z :
Je vais vraiment au bout des détails. Ce que je fais, c’est de la sculpture de laine, j’y prends du temps. Je donne une forme et une vie à la laine. Pour l’entretien par contre, c’est simple, on branche l’aspirateur à pleine puissance comme tous les gros tapis et si jamais il y a une tache, il faut utiliser des produits adaptés.
Histoires de famille…
Couleurs, formes, grandeurs… Dans chacune de ses créations, Anne-France met tout son cœur. Il faut que ça plaise au client, certes, mais elle veut créer des choses qui lui ressemblent, et donc colorées : « Pour choisir les couleurs que je vais assembler, je fais des tests avec de la gouache, des petits morceaux de papier que je découpe et que j’assemble pour matcher les formes… et puis je fais confiance à mon œil. La majorité des clients préfèrent des tons neutres, mais je dois trouver le bon équilibre, car j’aime bien faire des choses colorées. J’essaie donc de ne pas dépasser une combinaison de trois couleurs.»
Fille d’un papa paysagiste, Anne-France explique qu’elle l’a toujours vu dessiner des plans de jardins, des vues d’en haut, et se demande si elle ne tire pas également son inspiration de ces souvenirs, en plus de puiser dans ce qui l’entoure au quotidien.
Son père n’est pas le seul à faire partie (officiellement ou non) du projet. Anne-France est ravie de faire contribuer sa belle-mère, 75 ans, qui lui construit ses cadres allant jusqu’à deux mètres et qui est bien connue du milieu de la sculpture liégeoise. Si on vous dit le petit avion de Tchantchès et Nanesse sur la place Saint-Lambert, ça vous parle ? En regardant de plus près, vous y verrez, entre autres, le nom de Jacqueline Hanauer, sculptrice liégeoise, mère de l’artiste liégeois Ptit Marc, et épouse de sculpteur. Tous viennent de l’Académie, artistes et bons liégeois qu’ils sont !
De fil en aiguille
Pour Anne-France, l’idéal serait de présenter un produit 100% belge, avec des moutons élevés en Belgique, où la laine est également filée, mais tout ça a un prix… « Pour l’instant, je me fournis à Verviers dans un magasin qui vend de la laine d’Europe (Italie ou France). Sinon, j’ai pris contact avec un magasin français, à Lille, qui fait de la laine recyclée à partir de vêtements. Je trouvais ça très sympa. Et la toile sur laquelle je « tufte » vient d’Allemagne, car je ne voulais pas qu’elle vienne d’Asie non plus. J’ai vraiment envie que ces valeurs fassent partie intégrante de mon projet. »
Mais où trouver les créations d’Anne-France ? « Un jeune homme m’a contacté, car il a lancé son site de vente en ligne d’objets design haut de gamme. En attendant, on peut déjà retrouver mes créations chez Wattitude. J’ai aussi collaboré avec des artistes de la Centrale, c’était plus street, mais très sympa ! Le street art est vraiment en train de se tourner vers les métiers d’artisans. J’ai réalisé trois tapis pour eux (dont la bouche que l’on peut voir sur mon profil Instagram). »
La suite ? « Je vais contacter des magasins d’ameublement et j’espère pouvoir compter sur le bouche-à-oreille. Parfois les gens sont refroidis par les prix, pour un tapis d’un mètre cinquante, en pure laine, entièrement fait main, ça vaut dans les 600 euros. »
Un tapis Weaving on the Mountain se situe entre 175€ et 800€, mais ne dit-on pas que la qualité n’a pas de prix ? La bataille entre l’artisanat et les industries continue…
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Crédit photo : Weaving on the Mountain. La photo de couverture est le fruit d’une collaboration une nouvelle collaboration entre Weaving on the Mountain et Jehanne Hupin Life Style, la photo du tapis avec le cahce-pot tressé est de Amélie @littlebigvintage.