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maisons d'édition - Liège - Canva - DR Boulettes Magazine

À Liège, les (jeunes) femmes dépoussièrent le monde de l’édition

Créer sa propre maison d’édition de nos jours ? C’est encore possible, d’ailleurs Anna de Vits, Axelle Renard, Émilie Kasongo et Alexandra Bragina se sont toutes lancées dans la folle aventure à peine sorties des études. Boulettes Magazine est allé à la rencontre de quatre entrepreneuses qui prouvent que l’édition a encore de beaux jours devant elle. 

Anna de Vits et Axelle Renard, fondatrices des Éditions Part d’âge

Les Éditions Part d’âge ne font pas leur âge. Normal, puisqu’elles sont nées il y a quelques mois seulement d’une collaboration tripartite : d’une part Axelle et Anna, deux jeunes romanistes détentrices d’un master en édition et métiers du livre de l’Université de Liège, et d’autre part Romain, un jeune indépendant ayant fondé Grantha, une entreprise de distribution et de diffusion.

« C’est suite à notre stage dans son entreprise que Romain, notre maître de stage, qui savait que nous avions toujours rêvé de faire de l’édition, a proposé de nous soutenir et de nous héberger au sein de sa structure », explique Anna. Entre les deux jeunes femmes, les rôles se sont ensuite répartis tout naturellement : chez Part d’âge, Anna est directrice éditoriale et Axelle, responsable de la communication.

Alors même que les deux romanistes voyaient le projet se concrétiser et leur ligne éditoriale se préciser, une autrice les a contactées dans l’optique de faire éditer… son premier roman autobiographique. « C’est elle qui nous a finalement confortées dans notre idée : éditer des récits de vies, des moments magnifiques ou tragiques à raconter, des expériences à partager, autrement dir, des parts d’âges », raconte encore Anna.

Leur actualité ? Elles sont occupées à éditer ce premier roman, dont toutes les informations restent encore confidentielles. Contrairement à leur motivation et à leur enthousiasme, qui font plaisir à voir : « Nous nous réjouissons déjà des projets à venir et des talents à découvrir ! » assurent-elles d’une même voix.

Émilie Kasongo, fondatrice des Éditions Empaj

Émilie est une jeune femme verviétoise de 31 ans pleine de vie : à ses heures perdues, elle est adepte de basketball, de voyages et de soirées jeux de société. Son parcours l’a emmenée de l’Université de Namur, où elle a effectué son bachelier en langues romanes, à Louvain-la-Neuve, où elle a obtenu son master de sciences et métiers du livre.

« J’ai toujours rêvé de travailler dans le milieu de l’édition. Contrairement à certains, je ne voulais pas être une grande écrivaine mais ‘la personne qui découvrait les grands écrivains’ », affirme Émilie. Si c’est pour cette raison qu’elle s’est lancée corps et âme dans des études littéraires, la réalité du terrain était impitoyable : la jeune femme ne trouvait aucun poste dans le domaine qui l’intéressait.

 

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Après 3 années d’un « travail alimentaire », elle a décidé de prendre les choses en main pour créer l’emploi de ses rêves et, malgré les (nombreuses) épreuves, les Éditions Empaj ont finalement vu le jour en septembre 2018. Il s’agit d’une maison d’édition à compte d’éditeur qui publie des œuvres de genres variés. Le point commun entre tous les auteurs chez Empaj ? Ils sont belges !

« Je travaille seule, ce qui signifie que j’assure moi-même la distribution dans les librairies et la diffusion. Cela demande énormément de travail mais je ne m’en plains pas du tout, j’adore ce que je fais », confie Émilie. D’ailleurs, ses débuts en solo ont pu paraître un peu chaotiques : lors de son premier salon du livre, elle est arrivée sans nappe et sans support pour les livres. Elle a heureusement beaucoup appris depuis !

 

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Sa recommandation si vous rêvez vous aussi de votre propre maison d’édition ? Une bonne base financière : « Le marché du livre est imprévisible et les ventes des livres peuvent varier. Je conseillerais aussi de ne pas négliger le livre numérique. Quoi qu’on en dise, le livre papier n’exclut pas le livre numérique et inversement ». En toute transparence, Émilie avoue que vivre de ce métier n’est pas chose aisée ; pourtant une chose est sûre, elle ne regrette pas son choix et ne changerait d’activité pour rien au monde.

https://www.empajeditions.be/

Lire aussi: Objectif Plumes met 50 livres d’auteurs de Wallonie en libre accès

Alexandra Bragina, fondatrice de la maison d’édition Flamingo

D’origine ukrainienne, Alexandra Bragina vient de souffler ses 25 bougies et cette ex-étudiante en histoire de l’art est désormais mémorante en égyptologie à l’Université de Liège. Mais pas que ! Autrice de livres pour enfants et fondatrice des Éditions Flamingo, qui fêteront déjà leurs 5 ans au début de l’année prochaine, elle a bien plus d’une corde à son arc.

Fascinée depuis toujours par la littérature, c’est au milieu de sa seconde année de bachelier qu’elle s’est lancée dans ce projet. « L’idée directrice était de donner leur chance aux petits auteurs qui passent à travers les mailles des filets des plus grandes maisons d’édition », explique-t-elle. Pour ne pas passer inaperçue dans le flot des publications annuelles, Alexandra déploie une stratégie précise : non seulement elle mise beaucoup sur la promotion, mais elle met aussi en avant des livres en version électronique diffusés à petit prix à travers le monde entier. Concernant les impressions, elle a à cœur d’éviter la surproduction en fonctionnant surtout à la demande.

 

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Avec Job étudiant : Escort Girl, Diana Tshimwanga est l’une des premières autrices éditées par Flamingo. « Elle était tout comme moi étudiante à la faculté de Philosophie et Lettres, et c’est via les petites annonces de l’Université que nous nous sommes rencontrées. En quête d’auteurs, j’avais posé une annonce lors de la création de la maison d’édition et Diana y a directement répondu », raconte Alexandra. Les rencontres, parfois insolites, sont l’un des aspects du métier que chérit la jeune femme : l’autrice française Isabelle Briand, à qui nous devons Le Voyage de Poema, est ainsi navigatrice depuis 40 ans et vit sur son bateau en Polynésie.

 

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Ce qui a surpris Alexandra est la quantité de propositions qu’ils peuvent recevoir : ils atteignent aujourd’hui en moyenne les vingt manuscrits hebdomadaires. Selon elle, le confinement n’est pas étranger à ce phénomène et inspire de nombreux écrivains contraints de rester à la maison. Son conseil pour lancer une maison d’édition ? Être entouré.e de personnes compétentes et, surtout, avoir une vision objective de la réalité du marché : les places sont chères. Néanmoins, Alexandra est convaincue qu’il existe bien des possibilités de se démarquer dans un monde éditorial encore très traditionnaliste.

http://flamingo-editions.e-monsite.com/

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Diplômée en langues et lettres françaises et romanes, Mathilde ne se voyait pas du tout prof de français. Son dada, à elle, c'est la rédaction. Elle a rejoint l'équipe déjantée de Boulettes début 2020 et compte y rester jusqu'à ce que la mort les sépare.