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DAFT copyright GC Roche

Daft Punk est mort, longue vie au DAFT Studio (et son hôtel canon)

Au coeur des Ardennes, Stijn Verdonckt a su faire de son DAFT studio une destination de choix pour la scène musicale (inter)nationale, tandis que son épouse, Tine, s’assure que l’hôtel du même nom offre une expérience inoubliable à tout qui y pose ses valises. Rencontre avec les plus Flamands des Ardennais (ou bien l’inverse?) et découverte de leur joyeux hybride. 

C’est un endroit qui ne ressemble ni à la Louisiane, ni à l’Italie, ni vraiment à aucune autre adresse, pour la peine. Hybride de studio d’enregistrement et d’hôtel, le tout mâtiné d’un hub événementiel qui accueille aussi bien des concerts que des brainstormings d’entreprise, le DAFT est un joyeux OVNI au design ultra looké, qui ne déparerait pas à Berlin ou dans la campagne de Manchester mais se trouve plutôt à Malmedy. Et oui.

Un choix qui peut surprendre, et qui doit initialement moins à une volonté profonde de Stijn Verdonckt de se mettre au vert qu’à un joli hasard. Bioingénieur de formation, le Courtraisien décide de faire fi de l’avis de ses parents (« encore aujourd’hui, ils se demandent parfois en souriant si je fais vraiment un ‘vrai’ métier ») et de se lancer dans la musique, une passion qui l’étreint depuis l’adolescence et les heures passées à jouer de la guitare, puis du synthé et autre drum computers. C’est en 2003 qu’il apprend que La Chapelle, un studio renommé installé à Waimes, cherche un assistant néerlandophone. « Je suis arrivé, et quand j’ai découvert la région, j’ai eu un vrai coup de foudre » se souvient celui qui a convaincu son épouse, Tine, de l’y rejoindre, le couple élevant désormais ses deux jeunes enfants au sein de ce qui est aujourd’hui le DAFT Studios, ainsi qu’un complexe hôtelier et un des endroits les plus prisés de Belgique pour organiser des événements qui sortent de l’ordinaire.

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« C’était évident pour nous d’habiter sur place, parce que notre métier est tout sauf un 9-to-5, et ça nous permet d’offrir le meilleur à nos hôtes tout en étant très présents pour nos enfants ». DAFT, peut-être, mais pas forcément punk pour autant. Au moment de le rencontrer, le duo français culte vient d’annoncer sa séparation, et si Stijn concède être un « énorme fan » de ceux qu’il qualifie de « pionniers », le nom de son établissement de Waimes n’a pas été pensé pour leur rendre hommage. « On avait voulu appeler notre agence créative ‘daft’, parce que ça faisait référence au côté un peu déjanté qu’on voulait proposer, monter d’emblée qu’on sortait des classiques. Notre crédo a toujours été ‘better to be completely daft than completely boring’ (mieux vaut être complètement toqué qu’ennuyeux, ndlr) et on a gardé ce nom pour le studio et l’hôtel, parce que c’était plus simple mais aussi et surtout parce que cette philosophie y est aussi 100% d’application ». Une façon de penser qui a su attirer de grands noms de la musique.

Courtrai connection

Zangere Guy, Lous & the Yakuza, Damso… Les derniers clients du studio reflètent la cote du hip-hop, qui n’en finit pas de grimper sous nos latitudes, mais le DAFT Studio a également accueilli la crème de la crème du rock alternatif belge, de Goose à Amen Rä en passant par Ozark Henry, grâce à la « Courtrai connection » de Stijn, qui a également eu la chance de travailler avec le compositeur de musique de films oscarisé Michel Legrand.

« Je crois que ce qui plaît aux artistes chez nous, c’est qu’on a tout mis en place pour leur offrir un cadre qui leur permet de passer un moment parfait »

Aux artistes, mais aussi aux entreprises qui viennent jusque Malmedy pour brainstormer ou organiser des événements, ainsi qu’aux touristes, toujours plus nombreux ces derniers mois à visiter l’hôtel.

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La faute (ou grâce?) au Corona, qui a eu un impact en demi-teinte sur le DAFT. « Le secteur culturel a été durement affecté ces derniers mois, la majorité de la clientèle du studio vient de l’international et les voyages sont soit interdits soit compliqués, donc beaucoup d’événements qui étaient prévus ont dû être annulés, mais en parallèle, l’intérêt pour l’hôtel a explosé vu que les Belges restent en Belgique. C’est très chouette pour nous de voir arriver beaucoup de touristes de la région, des gens qui viennent de la Province de Liège et qui ont envie de s’offrir un petit weekend détente ou même quelques jours durant la semaine pour changer de cadre parce qu’ils en ont marre de télétravailler à la maison. C’est le côté positif de la chose, le COVID-19 a un effet ‘lame à double tranchant’, mais on a choisi de profiter de cette période pour se ressourcer en famille et réimaginer notre site internet ». Mais aussi la formule proposée au DAFT Hôtel.

Une expérience unique

Alors que jusqu’il y a quelques mois encore, l’établissement se contentait de proposer le petit-déjeuner à ses hôtes, après avoir testé une formule repas en chambre et constaté le succès de cette dernière, Stijn et Tine ont décidé de la garder au menu même quand les mesures sanitaires ne seront plus qu’un mauvais souvenir. Et Stijn d’anticiper le retour des beaux jours en soulignant avec enthousiasme qu’en marge des 18 chambres du DAFT Hôtel, il est également possible de s’y adonner aux joies du glamping quand la météo le permet.

 

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Installé depuis 18 ans dans sa campagne verdoyante, il ne se voit pas la quitter de sitôt et confie d’ailleurs que son passage d’un côté à l’autre de la frontière linguistique lui a permis de porter un regard différent sur les « problèmes communautaires ». Des guillemets qui trahissent le fait que pour Stijn, « c’est évident que le seul problème qu’il y a est celui cultivé par les politiques et la presse, parce que ça fait cliquer. Les Belges n’ont pas de problèmes entre eux, on a toujours été bien accueillis ici, il n’y a jamais eu aucun souci ». Et dans un souci de belgitude, si les deux enfants du couple sont scolarisés en français dans la région, et que la langue de Molière est de mise quand ils ont des invités à la maison, le reste du temps, le couple leur parle néerlandais. Ou plutôt, West-Vloams, Stijn avouant en riant que les Verdonckt junior ont un accent de Flandre de l’Ouest à couper au couteau. Et que pour sa part, il ne se sent ni vraiment flamand ni wallon mais plutôt « citoyen du monde ». Human, after all.

DAFT

Route de Waimes 19b, 4960, Malmedy

Site internet / Facebook / Instagram / Instagram de l’hotel

Site internet de l’hôtel 

Photo de couverture: GC Roche via Daft Studios

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.