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Influenceuse

Influenceuse, un job à temps plein

Sophie Ismaïl et Alessia Amodio ont toutes deux fait du digital et de l’influence online leur expertise, leur métier. Chacune à sa façon. L’une a fait évoluer son activité vers la consultance et l’enseignement, l’autre est influenceuse « full time ». Leurs points communs ? Liège, mais aussi une passion pour la mode et les tendances lifestyle. Rencontre.

Elles sont toutes deux Liégeoises et jonglent avec le digital et l’influence depuis plus de 10 ans. Ou presque. Si Sophie Ismaïl reste une pionnière du genre, puisqu’elle a été la première blogueuse en Belgique francophone, Alessia Amodio – alias « Drink and Lipstick » – a quant à elle surfé sur la vague naissante quelques années plus tard. Avec simplicité et, surtout, plein de fraîcheur. Aujourd’hui, elles ne sont plus uniquement blogueuses, mais influenceuses. Un nouveau métier qui fascine autant qu’il divise.

« Je ne me considère personnellement pas comme une influenceuse professionnelle, car ce n’est qu’une des facettes de mon travail », glisse Sophie. Son activité principale ? Elle la partage entre son cabinet de consultance en stratégie de communication et d’influence, des workshops, des conférences, mais aussi des cours de communication et de marketing d’influence qu’elle dispense à Liège (HEC, HEPL, IFAPME) et à Strasbourg (ISEG). « Aujourd’hui, Instagram et LinkedIn sont les deux réseaux sociaux, complémentaires, où je suis le plus active. »

Tout le contraire d’Alessia, qui est créatrice de contenu mode, beauté et lifestyle à temps plein depuis un an et demi. Principalement sur Facebook et Instagram. « Mais j’aimerais désormais trouver un mi-temps fixe, à côté, dans une petite boîte familiale. » Leur parcours, leur vision d’un univers qu’on qualifie souvent à tort de « doré », leurs trucs et astuces… On leur donne la parole en mode interview croisée.

Quand et comment avez-vous débuté votre parcours sur les réseaux ?

Influenceuse

Sophie : Ça remonte aux années 2006-2007 et à l’émergence de blogs féminins lifestyle en France. Après mon Master en ingénieur de gestion à HEC et une spécialisation d’un an en relations publiques à l’IFAPME, j’ai décidé de lancer mon propre blog (« aastyles.com ») car j’ai toujours aimé rédiger. C’était en octobre 2007. À ce moment-là, l’envie générale de personnes comme moi était plutôt de partager quelque chose, pas de devenir influenceur. Aujourd’hui, celles et ceux qui se lancent visent souvent cet objectif et espèrent pouvoir en vivre rapidement.

Alessia : J’ai commencé en créant mon blog il y a dix ans, puis une page Facebook. J’ai toujours été hyper connectée. Avant ça, j’étais sur MySpace, Skyblog… A l’époque, ce que faisaient les Parisiennes au niveau du digital m’inspirait beaucoup. Je me suis dit « pourquoi ne pas faire comme elles ? ». J’ai donc axé mon contenu sur ce que j’aimais, la mode, puis j’ai évolué et j’ai notamment collaboré avec des boissons. De fil en aiguille, ça a pris de l’ampleur et ma communauté s’est agrandie.

Quand avez-vous compris qu’il y avait là une opportunité, un créneau professionnel à exploiter ?

Sophie : Mon blog était le premier blog lifestyle en Belgique francophone, ce qui a intrigué et attiré l’attention du Vif Weekend, qui m’a proposé une collaboration comme journaliste lifestyle. Ça m’a ouvert des portes et ça m’a permis de créer un premier réseau, et d’écrire pour des marques. Mais en parallèle, j’avais un emploi en tant que salariée, comme Project Manager chez Job’In puis Eklo, deux organismes qui accompagnent la création de projets et d’entreprises. En 2011, mon activité complémentaire prenant de plus en plus d’ampleur, je me suis rendue compte que je ne pouvais plus gérer simultanément deux activités aussi intenses. Et comme je suis animée, depuis très jeune, par l’esprit entrepreneurial, j’ai choisi de lancer mon cabinet de conseil en communication à temps plein. L’évolution a été assez naturelle.

Alessia : Vers 2015 plus ou moins. C’est à ce moment-là que j’ai eu plus de contrats rémunérés et que j’ai décidé de me lancer. J’ai en même temps débuté sur Instagram et j’ai vu qu’il y avait moyen de faire quelque chose de sympa.

Qu’est-ce qui fait, aujourd’hui, votre succès ou quels sont vos trucs et astuces pour devenir influenceur(se) ?

Influenceuse

Sophie : Tout dépend, déjà, de quel type d’influenceur on parle : plutôt lifestyle, voyage, mode ou encore high-tech…Et dans quel contexte on se trouve. Mais de manière générale, un bon influenceur est une personne qui va créer, par son expertise, ses compétences, son aura ou sa personnalité, un lien avec son audience. Aujourd’hui, la taille de l’audience n’est pas le critère déterminant. Les micro et les nano-influenceurs, qui ont parfois une petite communauté de 1000 followers, sont également au cœur des stratégies d’influence des marques. L’authenticité et la qualité du contenu sont plus déterminantes, c’est ce que le public apprécie, comme les marques et les entreprises : un influenceur authentique, qui a construit une audience sur une base saine et qui a confiance en sa communauté.

Alessia : Je crois que les gens me suivent pour ma bonne humeur, mes bonnes vibes. Je reste moi-même quoiqu’il arrive, je crois que c’est la clé. Je ne mets pas de filtre, je suis 100% naturelle, je parle de tout ce qui me passe par la tête (rires). Je suis la même sur les réseaux que dans la vie de tous les jours. Je ne vends pas de rêve, je ne voyage pas tout le temps, je n’achète pas de fringues chères… C’est mon style et ma façon d’être, ça passe ou ça casse ! (rires)

Vous mettez-vous des barrières ou des limites une fois que vous êtes online ? L’hyperconnexion n’a jamais été source de stress ou de difficultés pour vous ?

Sophie : Beaucoup de personnes ont une vision idyllique du milieu, mais le burn-out est également une problématique qui touche les influenceurs. De mon côté, je tiens à ne pas franchir certaines limites. Je ne partage que ce qui m’intéresse, je ne parle que de produits ou de voyages qui me plaisent. Je ne veux pas, par exemple, me mettre exagérément en scène, comme je ne souhaite pas, plus que de raison, dévoiler ce qui touche à ma vie privée. Je tiens à garder le juste équilibre.

Alessia : Je ne me mets aucune pression. Quand je ne ressens pas l’envie de poster, je ne fais rien. L’année passée, j’ai ressenti un ras-le-bol et j’ai pris du recul, car je n’ai pas envie de transmettre du négatif. J’ai appris à relâcher la pression et depuis, je gère bien tout ce qui est lié aux likes, aux interactions, à l’intérêt qu’on porte à mon contenu ou encore aux haters. Quand j’étais plus jeune, j’ai eu beaucoup de haters, mais quand je fais le bilan, j’ai finalement eu beaucoup plus de réactions positives que négatives. J’ai toujours été jugée, dès mon plus jeune âge. Aujourd’hui, je m’en fous. Je fais juste ce que j’ai envie de faire. Et je travaille avec des marques qui me plaisent et me ressemblent.

Le métier d’influenceur(se) a-t-il un avenir pérenne ou pensez-vous qu’il sera éphémère ?

Influenceuse

Sophie : L’influence a toujours existé, de tout temps. C’est juste le relais qui change. Tant qu’il y aura une audience, il y a aura de l’influence. Mais par quel canal ? On ne peut évidemment pas le prédire. Je constate en tout cas que les structures de grande taille ont compris l’intérêt de travailler avec des influenceurs, tandis qu’il existe encore un potentiel inexploité du côté des PME et des TPE. Mais je crois que, de toute façon, quelle que soit son évolution, l’influence conservera un rôle au sein de la société, pour conseiller, guider ou encore alerter.

Alessia : Très sincèrement, je ne me pose pas ce genre de question. Je vis au jour le jour et je me dis que mon expérience en la matière peut m’ouvrir d’autres portes. Je n’ai pas peur de l’avenir. Si ça doit s’arrêter, ça s’arrêtera. Mais j’espère que ce sera le plus tard possible, car j’adore ce que je fais.

Et pour finir, parlons coups de cœur liégeois. Où allez-vous quand vous voulez vous faire plaisir dans votre ville ?

Sophie : On sent que ça bouge à Liège, que la ville a merveilleusement bien évolué et qu’il y règne une belle dynamique. Je reste une inconditionnelle des Grignoux et de sa Brasserie, où j’aime me poser. J’apprécie aussi Wattitude et Fragrances En Neuvice, où on se sent vraiment hors du temps. Sans oublier l’épicerie italienne Al Limone. C’est super de voir de telles boutiques à Liège.

Alessia : Le Pot au Lait et le KulturA en Roture pour sortir et faire la fête, la Boverie pour traîner avec mes ami(e)s en été ou encore le Darius pour prendre des cafés. Une bonne adresse gourmande ? La pizzeria Marghè et chez Messieurs pour un bon croque !

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Quand il vivait à Bruxelles, on l'appelait le "Liégeois" et personne ne comprenait son chauvinisme pour cette ville de Liège qu'il défendait avec un brin de mauvaise foi. Désormais, il est revenu chez lui, en Cité ardente. Ancien journaliste au quotidien L'Avenir, il a rejoint l'équipe de Boulettes pour combiner deux éléments qui lui tiennent à cœur : l'écriture et la valorisation de sa ville sous toutes ses facettes dans un webzine 100% liégeois.