Les Grignoux résistent… Et prouvent qu’ils existent !
Le 22 décembre dernier, ce fut l’hécatombe pour le secteur culturel à l’annonce du Codeco. Fermés. Encore. Les sorties dans les salles de cinéma, les théâtres. Annulées. Encore. À l’aube des vacances d’hiver, période pourtant si cruciale pour le secteur, tous les lieux culturels ont donc dû fermer boutique. Face à ce sentiment d’injustice, Les Grignoux ont décidé de dire « stop » et ont refusé la fermeture imposée. Rencontre avec Lo Maghuin, chargée de communication au sein de l’asbl liégeoise.
Un sentiment d’incompréhension avant tout
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La culture, bonne élève depuis le début de la crise sanitaire, est encore une fois envoyée en retenue. En effet, de tous les secteurs, il est l’un des pionniers des bonnes manières en termes d’aménagements : port du masque obligatoire, distanciation sociale respectée, demande du CST avant chaque séance ou représentation, budget conséquent dédié aux détecteurs de CO2…
Lorsque les pouvoirs publics ont décidé de mettre à l’arrêt le secteur, c’est l’incompréhension et l’injustice qui ont frappé nos cœurs et ceux des acteurs culturels. Lo Maghuin, chargée de communication au sein de l’ASBL des Grignoux, ne décolère d’ailleurs pas :
« Nous avons déjà dû fermer nos portes deux fois et quand nous sommes ouverts, depuis deux ans, c’est toujours à jauge réduite. Aucun « cluster » n’a jamais été détecté dans un cinéma, et les études montrent que des personnes assises, masquées, regardant toutes devant elles, ne parlant pas et ne mangeant pas, ne risquent rien ! »
« Grignoux », du wallon liégeois « grincheux »
« Ce n’est pas la première lutte des Grignoux… Et ce ne sera probablement pas la dernière ! » affirme Lo Maghuin. Créés il y a plus de quarante ans, les Grignoux ont toujours mis un point d’honneur à l’éducation permanente, tout en privilégiant la coopération avec d’autres mouvements associatifs.
D’ailleurs, l’action qui a été menée le 26 décembre dernier, aussi risquée soit-elle, a porté ses fruits puisque très vite, le public ainsi que des personnalités du monde du cinéma (le Liégeois Bouli Lanners, par exemple) ont soutenu pacifiquement le combat des Grignoux en venant manifester devant le cinéma Sauvenière, mais aussi en se rendant dans les salles obscures malgré l’interdiction du gouvernement et en partageant en masse les communications de l’ASBL sur les réseaux sociaux.
Dès lors, quelques heures seulement après les publications Facebook et Instagram confirmant que les cinémas des Grignoux resteraient ouverts, il y a eu plus de 6.000 partages sur les réseaux ! Ce même dimanche, le taux de remplissage de leurs salles de cinéma était de 77 % des jauges, ce qui est énorme, confirme Lo Maghuin.
L’accès à la culture : une ardente envie basée sur la force du collectif !
Grincheux, certes, mais grâce à cette prise de position, ce ne sont pas moins de 100 théâtres et autres centres culturels en Wallonie et à Bruxelles qui ont manifesté, à leur tour, leur envie de rester ouverts.
Alors, est-ce grâce aux Grignoux que le gouvernement a fait marche arrière et a décidé de laisser les lieux culturels ouverts ? Entre autres, oui. Même si l’ASBL avait pris des contacts préalables avec d’autres acteurs du secteur ayant plus de visibilité, elle reste l’initiatrice du mouvement. Mais la véritable force de cette journée du 26 décembre, était sans aucun doute le collectif !
« Il faut comprendre qu’une petite structure culturelle seule n’aurait pas obtenu l’attention médiatique ou le soutien populaire que nous avons obtenu tous ensemble. Je n’ai pas l’impression qu’ils nous aient suivis, ils nous ont plutôt rejoints, c’est très différent »
Et si c’était à refaire… ?
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Les Grignoux n’hésiteraient pas une seconde à lancer un mouvement similaire ! Car ce combat n’est pas uniquement le leur, eux qui sont sur le devant de la scène. Ce combat, c’est la représentation de la lutte et de la survie de tout un secteur. Qu’il s’agisse des partenaires distributeurs, des producteurs, des réalisateurs ou des acteurs, la décision de fermer les salles de cinéma met en péril l’équilibre de toute une chaîne.
Pour Lo Maghuin, une chose est sûre : « Tant que nous sentirons le soutien des spectateurs envers nos actions, nous nous battrons pacifiquement pour ce que nous estimons être juste, que ce soit le maintien de la culture au cœur des villes, l’accès à la culture pour toutes et tous ou la réouverture des lieux culturels… Et qui sait quels autres combats nous aurons à mener demain… »
Et nous, en tant que spectateurs amoureux du 7e art et de théâtre, ne manquerons pas de les soutenir tant qu’il le faudra !
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