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violences sexuelles

Une Liégeoise à l’origine d’une manifestation anti-viol

Faute d’un système de soutien présent pour entourer les victimes d’agressions sexuelles à Liège, Orlane, 25 ans, brise le silence et veut que ça bouge. Pour dénoncer un climat de non-dits dont elle souffre, elle organise une manifestation le 20 mars à Liège.

C’est arrivé il y a deux ans. C’était chez elle. C’était un ami. Elle lui faisait confiance.

On a beau entendre murmurer ces histoires douloureuses, continuer à dénoncer la sévérité de ces crimes sexuels et implorer que la définition du consentement soit comprise par tous et toutes, certaines chansons ne semblent pas passer de mode et certains discours semblent voués à être éternellement répétés. C’est pourquoi ce 20 mars 2021, Orlane Graindorge arpentera les rues de Liège pour crier “stop au viol et aux non-dits”, reprendre le contrôle de sa vie et aider celles et ceux qui, eux aussi, tentent de se reconstruire après un viol.

Avec près de 80 personnes ayant déjà témoigné leur marque d’intérêt pour se joindre à la manifestation en seulement quelques jours, la douleur d’Orlane résonne et fait écho.

« J’ai envie de pousser les gens à s’ouvrir sur le sujet, mais aussi leur laisser savoir que s’ils en ont besoin, ils seront soutenus. En parler a été thérapeutique pour moi.  »

Soutenue, mais si seule

Jusqu’en 2019, Orlane Graindorge, c’était l’ambassadrice du sourire, la figure même de la gaieté, de l’enthousiasme et des câlins à gogo. En fait, être heureuse ou pas, ça n’avait jamais vraiment été une question. Elle faisait ses études, vivait sa vie, voyageait à l’étranger et c’était très bien comme ça. Et puis c’est arrivé et tout a basculé.

Au fil des jours, elle s’est sentie de plus en plus seule, isolée et vide. Un an plus tard, forte du soutien de ses proches, elle a effectué les démarches nécessaires afin d’impliquer le système judiciaire. Mais comme dans les mauvais films où on laisse le méchant s’en tirer alors qu’on sait qui il est, il n’y a apparemment rien à faire pour le moment. Loin des yeux et du territoire belge, le coupable est parti en voyage en Australie depuis plusieurs mois et tant que c’est comme ça, y’ a plus qu’à attendre.

« Faire une vidéo sur Facebook pour en parler et exposer ma situation au regard de tous m’a vraiment aidé. Avant ça, j’avais fait quatre tentatives de suicide suite à cette agression sexuelle. Aujourd’hui j’aimerais lever le tabou, aller mieux et pouvoir aider ceux qui vivent ou ont vécu la même chose que moi. »

Créer son ASBL — Baby don’t cry, talk

violences sexuelles

À défaut de se laisser abattre par un système de soutien inexistant, ce petit bout de femme de 25 ans a choisi de relever ses manches et de faire de sa compassion et de son histoire… une ASBL liégeoise consacrée exclusivement à venir en aide aux victimes d’agressions sexuelles.

« En deux ans, j’ai déboursé des sommes astronomiques en soins médicaux, hôpitaux psychiatriques et autres. Pour que tous ceux et celles qui souhaitent se reconstruire n’aient pas à subir ça, j’ai envie de mettre en place un lieu de soutien et de suivi où thérapeutes, kinés et psy viennent leur offrir gratuitement quelques heures chaque semaine. D’une manière ou d’une autre, j’ai toujours voulu aider les autres, alors pourquoi ne pas en faire mon métier ? », confie-t-elle.

Déjà encouragée par de nombreux professionnels de la santé ayant exprimé leur souhait de prendre part au projet, Orlane est désormais aux prémisses de sa reconstruction et à l’aube de la création de son ASBL — Baby don’t cry, talk pour laquelle un crowdfunding sera bientôt en ligne.

Alors si vous êtes expert en création d’associations, familier avec le processus, chef d’entreprise souhaitant sponsoriser l’ASBL ou simplement quelqu’un à la recherche d’une oreille attentive, n’hésitez pas à vous joindre à la marche (infos ici) et/ou à contacter Orlane via mail (Orlane-graindorge@hotmail.be).

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Journaliste indépendante et voyageuse infatigable, Célia déménage plus vite que son ombre à la recherche de nouvelles aventures aux quatre coins du globe. Dingo d'expos, d'art, de concerts et de burrata (#FromageVie), cette curieuse de nature prête également sa plume à Vers L'Avenir et à un penchant (presque) toxique pour les meubles en rotin.