Art au Centre : une exposition dans les vitrines vides de Liège accessible 7j/7 et 24h/24
Depuis presque deux ans maintenant, parmi les vitrines de beaux vêtements et de nouvelles baskets, vous pouvez observer des étalages d’un autre genre. Art au Centre vous propose un lèche-vitrine culturel, animé, coloré et gratuit. De quoi vous donner l’impression de vous balader dans le centre de Liège comme dans un musée géant !
Le concept est original et inédit : « investir des lieux inoccupés pour y installer des œuvres d’artistes liégeois, belges et étrangers, afin de dynamiser les quartiers en offrant au visiteur un parcours artistique à travers la ville ». Et l’ASBL n’en n’est pas à son premier cadeau pour nos yeux dans la mesure où Art au Centre célèbre déjà sa 5ème édition en exposant 32 artistes dans 27 vitrines de la ville, du 4 février au 30 avril.
Naissance du projet
Art au Centre est porté par deux ASBL. La première, Mouvements sans Titre, créée en 2017, a pour objectif de faire découvrir l’art en l’intégrant à l’espace public. À l’occasion des élections de 2018, Mouvement sans Titre a créé son propre parti politique : le Projet Vraiment Culturel (PVC) afin de bénéficier d’un espace d’affichage public-artistique dans la ville, au même titre que ceux des politiques. Un parti qui a tout de même récolté 400 voix… Accompagné par Liège Gestion Centre-Ville, qui travaille sur la revalorisation du centre, les deux ASBL se retrouvent dans plusieurs missions communes :
- Soutenir la création artistique. Dans ce but, l’organisation propose de nouveaux espaces d’exposition et promeut les artistes participants par une communication et une médiation à leur service au moyen de livrets explicatifs, d’un site web et des réseaux sociaux.
- Casser la réputation d’inaccessibilité de l’art actuel. « Art au Centre fait le chemin inverse : ce sont les œuvres d’art qui vont à la rencontre du spectateur et s’insèrent dans le quotidien des habitants de la ville de Liège ». Cette rencontre se passe aussi au niveau des réseaux artistiques : chaque exposition est un lieu d’opportunités entre les artistes et les commissaires belges et internationaux.
- Redynamiser certains quartiers qui donnent l’impression d’être laissés à l’abandon en valorisant les locaux en attente d’un nouvel occupant, les vitrines aménagées offrent au passant l’occasion de s’étonner, de vivre un moment de poésie et de dialoguer avec la rue.
Une visite avec Maxime Moinet, l’un des 12 commissaires de l’exposition, directeur de l’ASBL Mouvements sans Titre et coordinateur d’Art au Centre nous a permis de faire connaissance avec le projet et de voir Liège autrement.
Visite guidée
On vous propose ici un teasing de quelques œuvres en vitrines. On espère vous donner l’envie de ne plus vous y arrêter hasard. On y trouve de tout, nous explique Maxime Moinet : « peinture, sculpture, installations, œuvres participatives, performances, photographies, vidéos… toutes les formes d’art conceptuel sont représentées »
Certaines œuvres sont là pour la contemplation, la discussion ou nous poser question. On peut rire, sourire, dire « j’aime ou je n’aime pas », « j’ai compris ou je n’ai pas compris ». L’avantage est que le musée urbain ne ferme jamais ses portes, on peut y rester et discuter pendant des heures sans faire attention à ne pas faire trop de bruit. Si les vitrines vides des boutiques que vous avez peut-être connues vous rendent mélancolique, voici un petit remontant :
SOLICITUD, Claire et Morgan – Rue de la Cathédrale, 48
Le projet Solicitud se présente sous la forme d’une télénovela, un type de feuilleton télévisé particulièrement dramatique et réalisé avec très peu de moyens. Claire et Morgan y mettent en scène leurs difficultés à percer dans la sphère artistique avec humour et second degré. Le tout dans un décor inspiré de l’Antiquité, symbole du questionnement universel autour du beau et de l’art. Nous, ça nous rappelle l’époque pré-internet où on se rassemblait devant les émissions diffusées sur les télés à vendre.
IKARIA WAROOTIA, Esther Bablik – rue Pont d’Avroy, 28
Avec l’œuvre Ikaria Warootia, la rue Pont d’Avroy prend des airs de zone 51. Une petite vitrine présente l’agrandissement en cire et en poils d’un animal vermiforme qui serait la plus ancienne forme corporelle commune à la majorité des animaux. Il pourrait être l’ancêtre du règne animal, dont l’humain. C’est un peu comme si on allait dire bonjour à mamy. L’artiste amène ici la réflexion autour du lien entre la vie et la mort, la naissance et la décomposition, qui se répondraient de manière systématique.
FLY-IN-FLY-OUT, Eva Pel, rue Cathédrale, 70
Fly-In-Fly-Out n’a pas l’air d’une œuvre d’art à première vue, mais d’un dépôt de boites de livraison. Approchez-vous et découvrez qu’il s’agit de cubes de bois peints à la main imitant les boites de magasins en ligne. Eva Pel les a fait livrer telles quelles (regardez l’étiquette) dans son travail de remise en cause de l’impact visuel de l’e-commerce sur nous, c’est-à-dire la communauté locale installée aux abords de Liège Airport.
OASIS, Collectif muesli, rue de l’Université, 20
Le Collectif muesli propose avec Oasis un tie-and-dye du temps au moyen d’œuvres réalisées avec des matières sensibles à la lumière et l’humidité. Une toile n’est donc jamais deux fois la même : le projet marque le passage du temps et donne envie au visiteur de repasser devant la vitrine jour après jour pour la découvrir autrement. Ou plutôt soir après soir, les œuvres étant mieux visibles à la lumière des néons.
CULTURAL ISOLATION, Christy Westhovens, rue de la Cathédrale, 31a
Cultural Isolation a besoin de vous pour sa performance. Vous n’avez sans doute pas remarqué cette petite caméra à vos pieds en passant devant la vitrine, mais elle vous a bien vu, et elle vous utilise dans son questionnement sur le traitement des données. Où s’arrête l’espace privé ? Où commence l’espace public ? Quand un passant devient-il visiteur ? Un observateur ? Une image ? Avec l’œuvre de Christy Westhovens, les preuves matérielles de votre passage s’entassent et serpentent à travers l’espace.
Plus d’infos
Envie d’en découvrir davantage ? Cet article n’est qu’un petit avant-goût de l’ensemble de l’exposition. Pour en profiter pleinement, voici quelques conseils
- L’exposition est à découvrir juste avec ses yeux et son ressenti ou aidé en plus d’un livret explicatif gratuit disponible aux Galeries St Lambert, à la gare des Guillemins ou téléchargeable sur le site web (artaucentre.be)
- Elle peut se visiter à pied, à vélo, en trottinette, accompagné de vos amis, votre famille, votre classe, votre animal de compagnie
- Un guide vous propose une visite commentée gratuite une fois par mois
- Pour l’après-Covid-19, les plus festifs pourront à nouveau se réunir au vernissage pour chaque inauguration
- La 6e édition est prévue du 3 juin au 31 aout, et la 7e du 7 octobre au 31 décembre 2021
Crédit Photo : Etiennette Plantis (Couverture), Antonin Giroud, Claire et Morgan, Esther Babulik, Eva Pel, collectif Muesli, Christy Westhoevens
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