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Liège face au COVID long - Canva DR Boulettes Magazine

Ils ont 20 ans et souffrent du COVID long

À moins d’habiter sur une île déserte (et encore…), impossible d’être passé à côté du fait que nous cohabitons avec le COVID-19. Mesures de sécurité́, peur d’être contaminé et de contaminer à notre tour sont désormais notre quotidien. Et quand on tombe malade quand même? Pour beaucoup, le COVID ne dure que quelques semaines avant de pouvoir reprendre une vie normale, mais ce n’est pas le cas de tous les malades. Comme nombre de patients, ces sept jeunes liégeois souffrent du « COVID long » et racontent. 

Carole, 24 ans, étudiante en Master de Santé publique

J’ai eu le COVID en septembre dernier. Mon compagnon, avec qui je vis, a commencé par se sentir légèrement fatigué, mais sans avoir de réels symptômes. Peu de temps après, j’ai perdu et le goût et l’odorat du jour au lendemain. J’ai contacté́ mon médecin, qui m’a envoyé faire un test qui s’est révélé positif. Après coup mon compagnon s’est fait tester aussi et il s’est avéré qu’il était également positif.

Heureusement, étant donné que c’était la période où on avait encore cours en présentiel une semaine sur deux, et que je venais de me faire opérer des dents de sagesses, j’étais immobilisée à la maison depuis plusieurs jours, donc je n’ai été en contact avec personne d’autre.

Sur le moment j’ai eu un léger écoulement nasal qui n’a duré qu’une journée ainsi que la perte du goût et de l’odorat qui a duré trois jours. J’ai également rapidement développé de grosses douleurs dans la nuque, remontant jusqu’à la base de mon crâne, de gros maux de tête, des vertiges et une énorme fatigue.

Aujourd’hui je subis toujours les maux de tête, les douleurs dans la nuque, les vertiges et la fatigue. À cela se sont rapidement ajoutés des troubles de la vue et une photophobie, qui fait que je suis très gênée par la lumière.

D’après mon neurologue, tous ces symptômes sont liés au COVID. On serait d’ailleurs selon lui nombreux à en souffrir. Chez certains, ça part naturellement au bout de quelques mois, mais on ne sait rien faire car on n’en connaît pas encore assez sur la maladie. Ce ne sont pas des douleurs qui m’empêchent de bouger ou de vivre, mais elles sont très gênantes au quotidien. Je me sens, en fait, en permanence comme si j’étais dans le « coton » ou avec « la gueule de bois » pour comparer.

Je faisais partie de ceux qui avaient conscience des risques, je prenais beaucoup de précautions mais je l’ai quand même attrapé. Je dois avouer que malgré́ tout ça, je me croyais forte et que la maladie ne me ferait rien à moi au vu de mon jeune âge. Je me trompais, et je voudrais que les gens se rendent compte que ce virus peut littéralement pourrir la vie de n’importe qui.

Aujourd’hui je suis suivie par un neurologue, un ophtalmologue, un ostéopathe et mon médecin traitant. Avant cela je n’étais pratiquement jamais malade. J’ai vraiment peur de l’attraper à nouveau aujourd’hui. J’ai peur de ce que le virus pourrait faire à mon corps étant donné qu’il lutte encore contre les symptômes de ma première infection.

Liège face au COVID long - Canva DR Boulettes Magazine

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Matteo, 20 ans, étudiant ingénieur à l’ULiège

Dans ma famille nous avons tous eu le COVID, et je l’ai pour ma part attrapé par le biais de ma mère. Mes symptômes étaient assez supportables : toux, maux de tête relativement légers, maux de gorge, fatigue ainsi que la perte du goût et de l’odorat. Je n’ai cependant pas été faire un test étant donné que j’ai eu les mêmes symptômes que ceux de mes deux parents, qui ont tous les deux été testés positifs.

Aujourd’hui, 4 mois après avoir eu le COVID, même s’il y a une légère évolution, je n’ai toujours pas récupéré le goût ni l’odorat.

Malheureusement, je m’y attendais un peu étant donné que c’est assez courant chez les personnes ayant contracté le COVID. C’est gênant au quotidien de ne plus avoir autant de plaisir à manger mais ce n’est pas pour autant réellement handicapant pour ma part. A l’heure actuelle, mon père souffre des mêmes symptomes que les miens, tandis que ma mère a quant à elle récupéré ses sens. Nous avons consulté notre médecin qui nous a conseillé de stimuler nos sens pour les aider à revenir petit à petit.

Jeanne, 25 ans, étudiante en Master en communication à l’ULiège

Pour ma part, j’ai pris toutes les précautions possibles. Étant étudiante, je suis constamment chez moi. Je ne vois que mon petit ami et ne fréquente personne d’autre que mon foyer. Cependant, mes parents n’ont pas arrêté de travailler, et ils ont tous les deux des métiers qui demandent pas mal de contacts et de déplacements quotidiens. Malgré les gestes barrières, cela n’a pas empêché mon beau-père de l’attraper. Vivant avec lui, toute ma famille l’a attrapé à son tour en très peu de temps.

Nous avons été malades vers la mi-octobre. Malheureusement, mon beau-père a contracté une forme grave de l’infection. Il s’est retrouvé en oxygénothérapie à l’hôpital pour ensuite descendre aux soins intensifs. Par chance, après 15 jours d’hospitalisation, il a pu sortir mais avec des séquelles lourdes : 10kg de moins, une respiration saccadée et une perte de cheveux conséquente.

En ce qui me concerne, ainsi que pour ma maman et ma sœur nous l’avons fait de manière légère bien que les symptômes étaient lourds à supporter. J’ai eu des  symptômes vers le 15 octobre et j’ai été testée positive quelques jours après. Je n’ai pas eu de température mais je me suis sentie très affaiblie, une faiblesse plus forte que la grippe.

La grippe ne m’a jamais handicapée pour marcher, monter des escaliers, porter quelque chose. Ici ce fut le cas. Étant une grande sportive, j’étais incapable de faire une seule séance, de marcher et même de faire des tâches simples. Je n’avais plus de force, une mauvaise respiration, la tête qui tournait, les muscles fatigués et endormis, des maux de têtes violents.

Par la suite, quand tout cela s’est calmé, j’ai perdu le goût et l’odorat. La perte du goût a duré jusqu’au mois de décembre. J’ai pu refaire du sport environ 15 jours après l’infection même si encore aujourd’hui, je suis limitée niveau respiration. Je me sens très rapidement essoufflée, et étant asthmatique de base ça ne m’aide pas du tout.

Quant à la perte de l’odorat, c’est le pire. A un moment j’ai cru que j’avais tout récupéré, mais en fait les odeurs se mélangent et ne sont pas du tout celles attendues. Je ne sens plus mes parfums de la même manière, ni les aliments, ni les odeurs qui m’entourent habituellement. Ma crème de jour sent la poubelle, la viande de chat est encore plus dégoûtante que d’habitude…

J’ai une odeur constante de vinaigre dans le nez et cela s’accentue dès qu’il y a une odeur proéminente comme un plat qui se prépare dans la cuisine. Je ne sens plus du tout l’odeur ni le goût de certains aliments comme la coriandre, la truffe, le basilic et même le vin qui a juste le goût d’alcool pur, c’est infâme.

Tout cela me déprime énormément car je n’ai plus le plaisir de rien. Je ne peux pas me délecter de l’odeur d’un bon petit plat, je ne sens plus mon parfum ni celui de mon conjoint, je ne profite plus de rien. Ça paraît minime mais au quotidien c’est vraiment déprimant. On n’a déjà plus grand chose pour se réjouir pour le moment mais imaginez tout cela sans saveurs ni odeurs….

Ma maman et ma soeur ont eu les mêmes symptômes mais ont tout récupéré. On s’est renseignées auprès de mon médecin et malheureusement mon cas n’est pas isolé. Il paraît que cela peut être « positif » dans le sens que si je rattrape le COVID, j’y serai plus résistante. Néanmoins, cette situation peut durer entre 6 mois et 1 an… C’est assez démoralisant.

Il n’y a aucun remède à ça. A part, s’entraîner de manière olfactive. Sentir des odeurs fortes, alterner avec des huiles essentielles, des épices… Ce que je fais quotidiennement. Je vois une petite amélioration mais l’odeur  » en fond  » de vinaigre est toujours présente.

J’espère que cela sera bientôt résolu car vraiment ça m’handicape. Je ne sens pas si un plat brûle, s’ il y a une mauvaise odeur dans une pièce ou non, … Rien. Ma vie est pour le moment inodore.

J’ai évidemment peur de le contracter à nouveau. Peur de l’avoir et de contaminer ma famille mais aussi peur pour moi et que cela accentue les symptômes qu’il me reste. C’est pour ça que je ne suis pas totalement pour la rentrée en présentiel. Je comprends cependant la détresse des étudiants et je la vis aussi.

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Léa, 21 ans, étudiante en Biologie, et Thomas, 23 ans, étudiant en 3e année d’Education Physique

Je suis en couple avec Thomas et nous avons tous les deux eu le COVID début octobre par le biais d’une amie commune. J’ai rapidement deviné que j’avais le COVID car je souffrais de différents symptômes reconnaissables. Ca a commencé par de la fièvre, des maux de tête et une importante fatigue. Deux jours après j’ai totalement perdu le goût et l’ odorat. Je suis donc allée passer un test qui s’est révélé positif, de même pour mon copain Thomas, qui a eu les mêmes symptômes que moi 2 jours après les miens.

Aujourd’hui, nous sommes tous les deux négatifs. Thomas a pratiquement retrouvé le goût et l’ odorat. De mon côté, je n’ai toujours pas récupéré ni le goût et ni l’odorat à 100%. Mes sens sont un peu défaillants, certains alcools ont par exemple le goût du gel hydro alcoolique et les parfums sont sans odeur.

La manière dont mes sens reviennent petit à petit est assez spéciale, par exemple le Coca normal n’a plus aucun goût pour moi mais bien le Coca à la vanille. Aujourd’hui nous avons peur d’attraper à nouveau le COVID, surtout avec ses nouvelles variantes.

Alexandra, 23 ans, assistante dentaire

Je ne sais pas exactement comment j’ai attrapé le COVID mais nous avons été trois dans le cabinet où je travaille à l’avoir eu plus ou moins en même temps.

J’ai d’abord commencé par me sentir essoufflée, je pensais que c’était simplement parce que je montais souvent les escaliers au travail. Je me suis ensuite sentie de moins en moins bien. Pour me rassurer et me convaincre que je n’avais pas le COVID, je mettais tous les jours ma bouteille de parfum sous mon nez et je la sentais pour contrôler mon l’odorat. Mais j’ai commencé à ne plus sentir son odeur du tout et à souffrir de douleurs musculaires, spécifiquement dans le dos et puis dans les jambes. J’avais tellement mal dans les jambes que je n’arrivais même plus à les soulever pour les mettre dans mon lit. J’avais peur de ne pas savoir me lever du tout, heureusement le lendemain je n’avais plus rien, ce symptôme n’a duré qu’un jour.

Nous étions trois dans le cabinet ou je travaille à souffrir de symptômes, nous avons été faire un test qui s’est avéré être positif pour nous tous.

Aujourd’hui, quatre mois plus tard, je suis négative au COVID mais je reste très fatiguée et essouflée, ce qui peut être très pesant dans mon quotidien. L’essoufflement est pour moi le plus handicapant, car le simple fait de devoir monter les escaliers m’essouffle pour 10 bonnes minutes.

J’ai extrêmement peur de l’attrapper une deuxième fois. La première n’a pas été agréable et il paraît que la deuxième est pire, alors évidemment que j’en ai peur.

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Loïse, 21 ans, étudiante en Master en Sciences de l’éducation à l’ULiège

J’ai attrapé le COVID au moment òu nous avions une bulle plus large, de 4 ou 5 personnes je ne sais plus exactement… Je côtoyais donc assez souvent ma soeur et son compagnon, et eux ne côtoyaient que nous également. Actuellement comme beaucoup je ne peux pas affirmer à 100% la manière dont je l’ai contracté mais je suis presque certaine que ça venait de ma bulle. Nous avons fêté Halloween tous ensemble, avec eux deux et mes parents, donc maquillage, lentilles,… rien de très COVID comme on dit. La soirée passe, la journée du dimanche aussi et dimanche soir, le compagnon de ma soeur a commencé à se sentir mal. Ils se sont rendus aux urgences car ils pensaient plutôt à un problème de cœur au vu des symptômes. Sur place, on lui a fait un test COVID: positif. Ma soeur nous a de suite prévenus parce qu’on les avait côtoyés de près les jours précédents.

Deux jours plus tard, j’ai commencé à avoir de très fortes courbatures. Le lendemain je n’ai pas su assister aux cours en ligne du matin, j’avais beaucoup trop mal dans tout le corps, surtout dans les bras et dans les jambes. En une journée, c’est passé, j’ai eu une légère fièvre, passagère elle aussi. Ce sont ces deux symptômes qui m’ont fait penser que j’avais certainement le COVID aussi.

Le lendemain, j’ai eu des maux de gorge et les ganglions très gonflés, un symptôme de plus qui a duré deux-trois jours cette fois… Et j’ai commencé à tousser aussi, une toux qui a duré presque trois semaines.Trois jours après les premiers symptômes j’ai perdu le goût et l’odorat… le vendredi matin, tout était normal, et le vendredi après-midi, pendant l’apéro, je me suis aperçue que je ne goûtais absolument plus rien. Ma maman s’est « amusée » à me faire sentir et goûter une multitude d’aliments, d’épices et je ne reconnaissais rien, ça ne sentait et ne goûtait vraiment rien… Je n’ai donc pas développé de symptômes graves, j’ai eu la forme légère. Je n’ai pas fait de test car pour mes parents et moi, ça semblait assez évident ; la coïncidence aurait été trop forte entre mon beau-frère positif, mes symptômes et surtout celui de la perte de goût et d’odorat.

Le symptôme handicapant qu’il me reste actuellement ce sont des troubles du goût et de l’odorat. Au début, je ne sentais et ne goûtais plus rien, et aujourd’hui j’ai récupéré des deux, mais pas pour tout, et beaucoup de choses sentent très mauvais, ont une odeur désagréable, et le goût, inévitablement, suit… donc, je ne sais presque plus rien manger sans sentir cette odeur et sans avoir ce goût désagréable !

Fort heureusement, certaines choses sont intactes; mais pas beaucoup… ça devient long car ça fait plus de 3 mois et demi que ça dure, malheureusement ça peut encore durer de très longs mois. J’avais déjà entendu parler de ces effets secondaires, et d’ailleurs j’avais peur de contracter le COVID aussi à cause de ces effets très désagréables. Je fais un maximum pour récupérer mes sens à 100% : vitamine B, rééducation et j’ai également investi dans un Lotto des odeurs.

Je sens que petit à petit ça s’améliore mais à mon avis, le chemin est encore long. De la forme légère du COVID, je dirais que ce sont les pires effets secondaires … manger n’a plus le même intérêt, perd de sa « magie », les odeurs agréables me manquent… On ne dirait pas mais, ce sont des repères indispensables.

La seule chose qui me console c’est que c’est (normalement) éphémère… beaucoup de médecins sont encore eux-mêmes dans le flou sur ces troubles provoqués par le COVID. Je vais tout de même me rendre chez mon médecin traitant fin de semaine afin de faire une prise de sang (voir le taux d’anticorps si j’en ai) et demander certains conseils en plus pour les troubles du goût et de l’odorat, s’il en a à me donner.

Liège face au COVID:

Passionnée de vintage, d’art et de mode Clara a d’abord choisi d’étudier le graphisme à Saint Luc. Afin de faire partager ses passions, c est en toute logique qu’elle s’est inscrite dans un master en information et communication à l’université de Liège, dans le cadre duquel elle effectue un stage à la rédaction de Boulettes Magazine.