Isadora, une voix pour la culture
À 24 ans, la Liégeoise Isadora prête sa voix, divine et angélique, au mouvement Still Standing for culture, né un an après les premières mesures de confinement. Des cœurs et des éloges en commentaires… sous une vidéo qui a cumulé plus de 6.000 vues sur Instagram, la chanteuse a su toucher sa communauté d’une manière qui lui ressemble, belle et authentique.
Depuis un moment déjà, nous suivons Isadora De Boosere sur ses réseaux. De Ja Rule à Billy Paul, en passant par Ariana Grande, elle reprend les plus grands et se les approprie, accompagnée de son piano. Pas de méprise, son instrument reste la voix. Et quelle voix… Après deux clips et un EP, Isadora a sorti une vidéo engagée devenue presque virale, en soutien à la culture :
La culture nourrit l’esprit, l’imaginaire, le sens critique. Elle interroge et bouscule. La culture c’est avant tout le partage. Je fais ce métier pour ce partage… Il me manque. Le contact avec un public me manque, la création me manque, la culture me manque. #stillstanding.
Des mots qui résonnent en chacun d’entre nous. Ce dernier post a relancé notre intérêt pour l’artiste et bien sûr, l’intérêt de tous pour la culture.
Jusque dans les veines
Chanter et être sur scène oui, mais pour Isadora qui a grandi dans le milieu, la culture c’est beaucoup plus que ça : « Je baigne dans le théâtre depuis toute petite, car mon père est metteur en scène et ma mère est comédienne. À 3 ans, j’étais déjà dans leurs pieds pendant qu’ils faisaient leurs pièces et mises en scène, j’ai un lien très fort avec le théâtre, c’est un art qui me touche et que j’adore. Ensuite j’ai fait 7 ans de piano classique et quelques années de chant en variété aux Jeunesses Musicales de Liège et puis je suis rentrée au Conservatoire (francophone) de Bruxelles vers 18 ans et je termine ma 6e cette année ! Parallèlement à ça, j’ai fait des stages, je me suis initiée au jazz, j’ai travaillé en tant que chanteuse sur une production avec le théâtre de Liège « Cabaret du bout de la nuit ». J’ai également participé au spectacle de Mélanie Laurent en tant que choriste. Et récemment j’ai remplacé An Pierlé au Théâtre National en tant que chanteuse et musicienne. Et évidemment, j’ai sorti mon EP, de 4 titres, en février 2020. Il y a aussi deux clips de sortis – Love Affair et Go For It –, puis il y a eu le Covid… ».
Ce métier, Isadora l’exerce en même temps que ses études, deux agendas pas toujours faciles à combiner : « Il faut être très organisé et je ne le suis pas toujours. Je pense que c’est important de vite se faire une idée de ce qu’est le milieu professionnel, de se faire des contacts, etc. Je ne veux pas dire non à une expérience professionnelle. »
Parmi ses collaborations, on peut citer Todiefor, Elvin, ou encore Marlin. Et pour chaque étape, Ferdi, son copain, saxophoniste : « Je lui demande souvent son avis, il nous accompagne en studio… Il sera sur le prochain single, comme il l’était sur le premier EP aussi d’ailleurs. »
Amour ou injustice, ses textes sont vecteurs de ce qu’elle ressent, de ce qu’elle voit, de ce qu’elle vit. « Je ne chante pas beaucoup en français. Pour l’instant c’est vraiment l’anglais qui me vient, c’est une langue dans laquelle je me sens bien, où j’ai des facilités pour m’exprimer. Je ne suis pas du tout fermée au français, mais c’est tout un processus, il faut se trouver. »
De l’écriture à la production, c’est un long chemin. En tant qu’indépendante, il faut faire tout soi-même, et Isadora le sait : « il faut tout créer, car rien n’est fait et c’est ça qui est chouette aussi. Il y a une infinité de possibilités. »
Noir jaune rouge
Isadora constate que la scène belge prend de plus en plus de place dans nos playlists, et qu’en bons patriotes que nous sommes, on adore ça ! Mais comment se démarquer et se faire une place parmi tous ces talents ? « Je n’ai pas encore assez essayé de percer à mon goût. Je suis jeune et je n’ai pas assez de recul pour parler de ça concrètement. Mais d’un point de vue extérieur, il est vraiment en train de se passer quelque chose d’incroyable sur la scène belge. C’est super qu’il y ait une scène qui se développe… les artistes belges prennent aussi de plus en plus de place sur la scène internationale. »
Le secret : être soi-même ? « J’essaie de rester au plus près de qui je suis, de rester fidèle à moi-même. Je pense que tout le monde a quelque chose à offrir d’assez différent. Il faut rester au plus proche de soi-même, car finalement c’est quelque chose qu’on va devoir défendre après. »
We are still standing, at least we try…
Le 24 février 2021, Isadora rend hommage à la culture. Lasse de cette inaction et de toutes ces incertitudes, elle décide d’écrire une chanson et de prêter sa voix à la cause. « J’ai écrit un morceau suite au mouvement qu’il y a eu à Liège et Bruxelles. Lorsque les gens se sont rassemblés, que les artistes et tout le réseau culturel ont pris la parole, ça m’a beaucoup émue. On arrive à un moment où ça fait mal quand on voit tout ce qui s’est passé, c’est toujours un peu le même constat : on ne parle pas assez de la culture, peu de mesures ont été prises, on se sent oubliés, on ressent vraiment le besoin d’exister à nouveau et de tous reprendre un semblant de vie. »
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Avec cette vidéo, Isadora a voulu honorer tous ces gens impliqués lors de l’organisation d’un événement : « Quand on va voir un concert ou un spectacle, on ne se rend pas compte de toute la structure, de l’organisation et de tous ces gens qui sont derrière pour que tout roule. Aujourd’hui, toutes ces personnes sont oubliées. »
J’ai envie de dire que tout ça va nous solidariser, ça va nous faire prendre conscience que la culture est importante, que ça va être fédérateur…
Se tromper, recommencer, avancer
Son objectif ? Se professionnaliser et être chanteuse, en s’enrichissant d’un maximum d’expériences. Que ce soit vivre de sa musique, de ce qu’elle écrit, ou encore chanter dans une comédie musicale. Elle nous confie d’ailleurs que ce serait son rêve.
En attendant, un peu de summer vibes ! Un clip et un single sont prêts et n’attendent plus que le bon moment pour sortir : « La suite c’est de sortir un nouvel EP aussi, créer du contenu, du visuel… Je me réjouis d’avoir fini le Conservatoire pour pouvoir me chercher, créer beaucoup plus et rencontrer des gens. J’ai vraiment envie que l’année prochaine soit une année de recherches, car entre le Conservatoire et les projets, j’ai eu peu de temps pour définir ce que je voulais représenter et véhiculer. Ce sera tester, me tromper et recommencer. »